„<176> régler ses opérations sur les miennes, je crois que je devrais me porter sur Giessen et en faire le siège, avant que l'ennemi eût le temps de se rassembler; mais j'y trouve des difficultés presque insurmontables, tant parceque l'armée ne sera prête que vers la fin du mois de mai que parceque je devrais former un magasin à Marburg, ce qui me paraît impossible, faute de charrois. Si je puis, au contraire, agir le long de la Fulde, je pourrai lever cette difficulté pour une grande partie, vu que je fais actuellement construire à Cassel une cinquantaine de petits bateaux, pour m'en servir pour le transport des fourrages, soit que l'armée agisse le long de la Fulde, soit aussi qu'elle fût obligée de suivre le cours de la Werre.“
Freiberg, 16 mars 1760.
Je remercie de tout mon cœur Votre Altesse de l'amiable et confidente communication que vous avez daigné me faire, en conséquence de Votre lettre du 10 de ce mois, du plan de votre campagne à faire. J'ai tout lu avec beaucoup d'attention, je ne saurais qu'applaudir à tout, et j'ai trouvé tout si sagement et si bien pensé qu'on ne saurait mieux. Si, cependant, tous les avis que j'ai reçus jusqu'à présent de France de fort bonne main, accusent juste, les Français ne prennent pas de grands arrangements pour faire des efforts du côté du Bas-Rhin et de Cologne; il leur sera même très difficile, pour ne pas dire impossible, pour mettre cette année-ci deux armées de quelque considération à la fois en campagne en Allemagne.1 II faut que j'avoue naturellement moi-même à Votre Altesse que je ne crois pas que vous pourrez entreprendre avec espérance de succès le siège de Giessen.
Quant à nos circonstances ici, j'ai eu des avis de Pétersbourg que les généraux de l'armée russienne ont eu congé de la cour jusqu'au 1er du juin, pour vaquer à leurs affaires particulières.2 Ici le temps est si mauvais qu'il sera impossible à l'ennemi, bon gré mal gré qu'il en ait, d'entreprendre quelque chose avant le mois d'avril qui vient; mais il faut que je dise tout naturellement et conformément à la vérité qu'au cas que nous n'ayons quelque secours de Votre Altesse, pour nous couvrir le flanc gauche du côté de Leipzig, nous aurons une forte et furieuse bredouille dans nos affaires; c'est pourquoi je vous conjure d'avoir fort l'œil très attentif de ce côté-là et sur ce point important.
Nonobstant toutes les peines que je me donne pour avoir prêts tous les arrangements qu'il me faut, je me vois empêché et retardé presque en tout, de sorte que je n'ai pu achever encore en ce qu'il me faut. Autant que j'apprends, l'armée russienne voudra agir en deux corps, l'un pour assiéger Colberg, et l'autre pour s'emparer de Glogau. Un corps d'armée autrichienne de 23 jusqu'à 30000 hommes doit agir dans la Haute-Silésie; ici dans la Lusace il y a un autre corps ennemi prêt, de quelques 20000 hommes; à Dresde et aux environs se trouve
1 Mitchell berichtet, Freiberg 19. März, (separate and most secret) an Lord Holdernesse, der König habe ihm gesagt, „that the French had not yet found the funds for the next campaign, and that their pecuniary affairs still continued to be in a very great disorder.“ [London. Public Record Office.]
2 Vergl. S. 170.