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Freiberg, 1er avril1 1760.

Madame. Vous m'ordonnez de vous dire mon sentiment sur [ce] que contient l'incluse. Je vous le dirai donc, Madame, avec toute la vérité que je vous dois, vous conjurant cependant de ne le pas prendre pour un oracle.

Et il me paraît que les choses ne sont pas encore assez avancées pour en venir là, parceque personne n'a jusqu'à présent dit son mot, et il nous convient d'attendre à quel point la France et l'Angleterre pourront s'accorder touchant leurs propres intérêts, qui vraisemblablement leur sont les plus proches; après quoi il sera temps que chacun dise son mot; et à en juger selon les apparences, ces discussions deviendront l'occupation du congrès. Ce qu'il y a de certain, c'est que les Impératrices ne veulent en aucune façon s'entendre à la paix et que, par conséquent, cette campagne aura lieu, quoi qu'il en puisse arriver. Quoique la charge me reste seul et que je garde le nord et le sud de l'Europe sur mes épaules, il en faut passer par là et s'en fier à la fortune, si l'on peut cependant sans présomption se fier à son inconstance. Si vous voulez donc vous fier à mes faibles lumières, je crois, Madame, qu'il ne sera temps de parler que lorsque nous aurons des nouvelles d'Angleterre qui marquent que les esprits se rapprochent, et qu'il y a apparence qu'on pourra convenir de la paix. Dès que mes nouvelles me le marqueront, je vous écrirai simplement que l'on disait que vous deviez depuis longtemps une réponse à la princesse de Galles,2 et que je croyais que cela lui ferait plaisir, si vous lui écriviez. Voilà mon sentiment, Madame, au vrai tel que je me le conseillerais à moi-même, si j'étais en votre place.

Le Mercure3 pourra être dans deux jours à Lo[ndres], d'où il pourrait bien encore repasser à Pa[ris]. Vous voyez que tout cela ne va pas aussi vite qu'on le désire; mais encore est-ce beaucoup, si l'on peut réussir. Je suis, avec la plus haute estime, Madame, de Votre Altesse le très fidèle cousin et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung im Herzogl. Haus- und Staatsarchiv zu Gotha. Eigenhändig.


11964. AN DEN GENERALLIEUTENANT FREIHERRN VON DER GOLTZ.

Freiberg, 1. April 1760.

In Meinem heute an Euch bereits abgelassenen Antwortschreiben4 habe Ich noch vergessen Euch zu antworten, dass, was das Gerüchte von einem Corps Russen von 12000 Mann anbetrifft, so schon bei Krakau in Polen angekommen wäre, solches bis dato ganz falsch und



1 An die Herzogin von Gotha ein Schreiben aus dem April ohne Tagesdatum in den Œuvres Bd. 18, S. 184.

2 Vergl. S. 40. Anm. 2.

3 Edelsheim.

4 Nr. 11962.