<24> mois de juin ou juillet, d'où prendre une armée contre les Russiens, pendant que je n'ai que 25 bataillons et 50 escadrons en Silésie et qu'il y a un corps d'Autrichiens à Trautenau, un autre en Moravie et à Jægerndorf? et comme il faudra nécessairement leur opposer des corps, d'où viendront ceux contre les Russes?
J'avoue que ceci m'oblige de mettre toute mon espérance à la paix; à moins que vous ne gagniez cette année-ci sur les Français une bataille aussi importante que celle de Hœchstædt, il vous sera impossible de pouvoir m'assister. J'ai tout communiqué au Prince héréditaire et lui ai montré tout ce qui se passe ici. J'ai ménagé les troupes des alliés autant que possible, et je me flatte qu'elles n'auront pas lieu de se plaindre.
J'attends de voir les mouvements que le maréchal Daun fera, pour m'orienter à peu près jusqu'où il pourra vouloir se prêter. Je vous prie, mon cher prince, que, quand vous aurez quelques nouvelles de Vienne regardant Daun, de m'en communiquer1 au moins les points essentiels, puisque, malgré la proximité des armées, nous ne recevons que des nouvelles de petites gens qui ne nous rapportent que des dires de cabarets et de corps de gardes. Je vous félicite, au surplus, du meilleur de mon âme de ce que la campagne s'est déclarée et finie si heureusement pour vous; soyez assuré de la part sincère que j'y prends, et des vœux que je fais pour vous.
J'ai tout lieu d'admirer, autant que je le fais, la solidité et tous les talents que notre digne et cher neveu s'est acquis en si peu de temps. Je ne lui parle pas comme à un jeune homme, mais comme à un homme tout formé.
J'accorde avec plaisir, à votre demande, au capitaine de Derenthal2 l'ordre pour le mérite que je joins ici, pour que vous ayez la bonté de le lui donner de ma part. Je ferai, d'ailleurs, expédier le brevet de major des ingénieurs pour le capitaine Bauer,3 qu'on vous enverra, et je reconnais, comme je le dois, le zèle que Votre Altesse marque en toute occasion pour mes intérêts.
Vous voyez, mon cher, par tout ce que je vous écris, le fond des choses. Mon neveu a vu le poste de Dippoldiswalde, et Bülow4 a vu celui de Kesselsdorf et du Fond de Plauen, et je crois qu'ils m'attesteront tous que j'ai très bien fait de ne rien hasarder.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.
1 So.
2 Flügeladjutant des Prinzen Ferdinand.
3 Vergl. S. 8. Anm. 1.
4 Ebenfalls Flügeladjutant des Prinzen. Vergl. Bd. XVIII, 720.