<246> secrétaire d'État n'est pas instruit au fond de la véritable façon de penser de sa cour ni de ses vraies intentions. Quoi qu'il en soit, par les démarches que ledit comte a faites, les affaires ont été mises en mouvement entre la France et l'Angleterre, et, si c'est la véritable intention de la première, de retirer son épingle du jeu et de recourir à la paix avec nous autres alliés, il faut qu'elle se déclare bientôt présentement envers l'Angleterre.
Federic.
Nach dem Concept.
11985. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Freiberg, 8 avril 1760.
Le projet de campagne que je suppose à l'ennemi, est fondé sur deux bonnes raisons que j'en puis apporter: l'une les endroits où ils établissent leurs magasins, l'autre mes nouvelles de Vienne, qui sont très sûres. Le magasin des Russes à Konitz désigne clairement le dessein d'entreprendre sur Colberg. Il y a la Persante qui coule auprès de Colberg, difficile à passer et où il faut prévenir l'ennemi; car s'il avait gagné ce poste avant nous, il serait presque impossible de secourir la ville. Voilà pour la Poméranie.
Quant aux desseins des Autrichiens sur Neisse, ils sont si clairs que voilà Beck, qui est parti de Dresde, il y a trois jours,1 et qui marche avec 7 ou 8000 hommes pour se joindre à Laudon.
Pour avoir 24 bataillons en Poméranie, il faudra en envoyer d'ici et de Silésie 19 et les 10 escadrons dont vous faites mention; mais qui les commandera là-bas? car il faut un général.
Quant à la paix avec la France, il m'est impossible de vous dire quand elle pourra être conclue, et, pendant ces entrefaites, le prince Ferdinand ne pourra pas nous assister. Les Russes ne pourront agir qu'au mois de juin, mais alors il faudra nécessairement, si la paix n'est pas faite, en venir là-bas à une décision, pour pouvoir opposer ces mêmes troupes ailleurs; c'est tout ce que je pus trouver de mieux à faire, à moins qu'entre ci et le mois de juin nous n'ayons quelque nouvelle d'une diversion de la part des Turcs, ce qui devrait nous obliger à une défensive vigoureuse jusqu'à ce que l'ennemi soit obligé de détacher. Si la paix avec les Français se fait, il faudra de même se tenir serré jusqu'à ce que le prince Ferdinand oblige Daun de se retirer.
Je reçois, dans ce moment, votre seconde lettre,2 et je vous envoie ci-joint tous ceux3 que j'avais destinés à être de ce corps, lorsque je voulais le mener moi-même, et tous les arrangements pris en consé-
1 Vergl. S. 245.
2 Das sicher vom 8. April zu datirende Schreiben ist vom Prinzen Heinrich aus Versehen „Wittenberg 8 mars“ datirt. Vergl. dasselbe bei Schöning a. a. O. S. 237. — Ueber das erste Schreiben des Prinzen vom 8. April vergl. S. 238. Anm. 1.
3 D. h. les noms de tous les régiments que etc.