12043. AU SECRÉTAIRE BENOÎT A VARSOVIE.
Camp de Meissen, 28 avril 1760.
Je vous fais cette lettre pour vous, que vous devez tâcher là où vous êtes, quoiqu'avec le plus grand secret et sans que vous y paraissiez, par vos amis, sous des prétextes plausibles que vous imaginerez, [de trouver] deux gens qui savent parfaitement bien la langue turque et la polonaise, qui en même temps soient sobres et d'un bon comportement, de sorte qu'on pourra se servir d'eux en guise d'interprète dans les deux langues et de pouvoir leur confier quelque avis à rapporter, quand les occurrences l'exigeront. Vous emploierez tous vos soins à me faire trouver un couple de pareilles gens, que j'engagerai en mon service contre une honnête pension, et me marquerez, au plus tôt, si vous croyez d'être à même d'y réussir.
Soyez, au surplus, bien attentif de m'instruire, le plus exactement que vous saurez, de tout ce que vous apprendrez des mouvements des troupes russes, soit en Prusse ou en Pologne, de leurs arrangements et de tout ce qui y a quelque rapport.
Pour ce qui regarde le lieutenant-colonel de Clozel, dont vous avez joint la lettre qu'il m'a écrite, à votre rapport du 16 de ce mois, il faut bien que je vous dise que cet officier ne m'est point connu et que j'ignore, par conséquent, si c'est un aventurier ou s'il est bon officier de mérite et de talents pour la guerre. C'est [ce] que vous éclaircirez, et, dans le dernier cas, vous lui parlerez s'il veut bien lever en Pologne pour mon service 2 ou 3 escadrons de cavalerie légère ou un bataillon franc d'infanterie: sur quoi il n'aurait qu'à vous donner par écrit les conditions auxquelles il voudrait faire l'une ou l'autre de ces levées et s'engager à mon service, que vous m'enverrez alors chiffrées, afin de pouvoir m'y décider.
Federic.
Nach dem Concept.
12044. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Au camp de Meissen, 28 avril 1760.
Votre lettre du 27 de ce mois m'a été bien rendue. Je vous communique à la suite de celle-ci les rapports que je viens de recevoir de Danzig et de Varsovie, tout comme la copie d'une lettre de Pétersbourg.1 Par toutes ces nouvelles l'on doit conjecturer que l'année russe n'agira pas devant le mois de juin, et voilà justement ce qu'il nous faut.
Je vous souhaite une bonne marche, le temps ne vous favorise guère. Dans nos environs tout est tranquille, et l'armée de l'Empire ne remue pas jusqu'à présent.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.
1 Die Beilagen liegen nicht mehr vor.