<306> propre conservation l'exige à prendre à temps encore ces engagements que ses intérêts les plus essentiels demandent absolument et sans perdre plus de temps.
En cette considération vous devez donc déclarer de ma part en réponse à la lettre du baron Münchhausen : que i° je n'avais aucun engagement avec le Grand-Duc, que 2°, comme le roi de Danemark m'offre généreusement son assistance par terre et par mer pour m'aider à reconquérir ma Prusse et pour m'en assurer la possession, et que, de cette façon, ce Prince entre dans une guerre qui ne le regarde pas directement jusqu'à présent, je veux en reconnaissance bien lui offrir des subsides en argent de 2 à 3 et même 400000 écus, selon que vous le trouverez nécessaire et convenable, et lui garantir sans difficulté 3° la possession des États de Schleswig, que l'Angleterre, à ce que je ne sais pas autrement, lui a déjà garantie, à laquelle je me joindrai, le cas l'exigeant, pour soutenir le Danemark dans sa possession du susdit Schleswig. Voilà mes offres.
Quant aux demandes que je fais réciproquement du Danemark, la principale est qu'il envoie au plus tôt mieux sa flotte vers les côtes de la Poméranie, pour soutenir ma ville de Colberg contre les entreprises et les débarquements que les Russes méditent de faire; 2° que la cour de Danemark me garantisse réciproquement, outre la possession de ma province de Prusse, encore celle de mes provinces limitrophes à la Baltique, savoir la Poméranie. Quant à mes autres provinces, nommément la Silésie, je l'en dispense entièrement et ne prétends point sa garantie.
Ce que je souhaite, au surplus, c'est que cette négociation s'achève et finisse au plus tôt et avant que les Russes sauraient se nicher en quelque endroit de la Poméranie, où vous savez que j'envoie d'abord mon frère Henri avec un corps de troupes considérable pour la protéger contre les irruptions que les Russes y voudraient faire par terre.
Vous assurerez le baron Münchhausen du secret que je lui garderai sur cette affaire, et quant aux autres compliments que vous lui ferez sur cette communication confidente, cela va sans dire.
Comme le baron de Bernstorff pourra apparemment contribuer le plus à la prompte conclusion de cette affaire, je voudrais bien que vous lui fassiez faire quelque appât par un présent que je lui ferai à part et indépendamment de la somme des subsides que vous stipulerez, de sorte qu'il ne dépendra que de la façon la plus convenable et la plus honnête qu'on le lui offrira de bonne grâce et sans le rebuter, à quoi vous songerez. Je laisse à cette fin à votre pénétration s'il conviendra ou non de donner au moins quelque avertissement en gros de cette affaire à mes ministres à Copenhague.
Ce que je vous demande, au reste, c'est que vous prépariez incessamment tous les pleins pouvoirs avec toutes les instructions qu'il faudra pour la conclusion la plus prompte de cette affaire, afin de pouvoir me