<307> les envoyer à ma signature, avant que les opérations de la guerre sauraient ou m'éloigner plus de vos lieux, ou que la correspondance entre nous saurait devenir plus mal sûre qu'elle ne l'est encore; mais la chose la plus intéressante et la plus principale que je vous recommande au mieux, c'est de presser extrêmement la conclusion de cette affaire, pour que cela ne soit de la moutarde après dîner.
Voilà bien des bonnes espérances, il faut battre le fer, pendant qu'il est chaud; car la moindre chose le peut refroidir. Je connais trop les gens auxquels j'ai à faire.
Federic.
P. S.
J'ai reçu la lettre que vous m'avez écrite du 26 de ce mois, par laquelle j'ai vu avec satisfaction la diligence que vous avez employée pour envoyer au baron de Knyphausen ce projet dont je vous avais chargé, d'un article à insérer dans les préliminaires de la paix entre l'Angleterre et la France, qui saurait servir de base à cette négociation, pour ce qui regarde mes intérêts.1 Je ne saurais, d'ailleurs, qu'applaudir aux remarques que vous m'avez communiquées à ce sujet; mais, pour m'expliquer avec franchise et confidence à vous sur la façon dont j'envisage cette affaire en général, c'est qu'il n'en sera rien encore et qu'on ne conviendra de rien :
1° parceque je crois entrevoir assez clair que l'Angleterre n'a pas tout de bon envie de finir dans le moment présent, au milieu des succès qu'elle a eus contre la France, et qui lui promettent encore de plus grands avantages sur la France, ainsi que tout ce qu'elle a fait jusques à présent pour acheminer cette paix, n'a été qu'en considération de ma situation critique dont elle a voulu me relever; et
2° la France n'a agi que fort artificieusement avec l'Angleterre, à laquelle, à ce qu'on pénètre bien, elle ne voudra pas faire de grandes cessions, dès qu'il lui aurait réussi de séparer l'Angleterre d'avec moi.
Au reste, il faudrait que je fusse insensé que de consentir jamais que la France fît sa paix séparée à mon exclusion, et que je renonçasse par là aux engagements que l'Angleterre a pris avec moi, et aux promesses les plus fortes qu'elle m'a données, qu'elle n'écouterait à aucune proposition de paix de la France qu'à mon inclusion, et avant qu'il ne fût pourvu à ma sûreté et à mes intérêts. Voilà sur quoi vous dirigerez toujours vos opérations dans cette affaire.2
1 Vergl. Nr. 12033. 12034.
2 Mitchell berichtet, Meissen 30. April, an Holdernesse: „The King of Prussia said to me this day, that he thought the negociation with France was now entirely broken off . . . I fairly told him, that I never had the least hopes that any good could come of the négociation at the Hague, and that, whilst the Duke de Choiseul remained in office at the head of foreign affairs, I could not believe, that France was in earnest to treat with England. The King of Prussia replied that he was very much of the same opinion.“ [London. Public Record Office.]