J'avoue que je ne comprends pas comment vous sauriez exécuter celui1 de marcher à Nakel, Posen ou en Pologne, dans un temps où l'ennemi est actuellement à Neu-Stettin, à Cœslin et dans ces contrées; ainsi il ne faut pas douter qu'alors toute cette vermine des troupes légères se tournerait sur votre dos et vous couperait toute communication. Pour marcher à Posen, parlez, de grâce, vous-même à Schlott,2 qui vous dira que, quand 10000 hommes y sont campés, leur camp est inattaquable. Si j'ose vous dire mon sentiment, je crois qu'il n'y a qu'un parti à prendre pour se débarrasser des Russes, savoir que, parcequ'ils ont partagé leurs forces en deux corps, de tomber sur l'un de deux, quel qu'il soit, et quel qu'il vous convient, et le3 battre bien vertement celui-là, ce qui intimiderait l'autre : encore ne fût-ce que pour gagner du temps, outre qu'il est à considérer qu'un si heureux évènement encouragerait les Danois et les Turcs pour agir en notre faveur. Cependant, malgré toutes ces considérations, je vous abandonne tout-àfait et entièrement la conduite de cette affaire. Il pourra arriver que l'ennemi fera des fautes: dans ce cas, je suis persuadé que vous ne négligerez rien pour profiter d'un si heureux moment. Il saura être encore que vous ayez de bons avis et que vous connaissiez certaines circonstances avantageuses que j'ignore : c'est pourquoi, mon très cher frère, je m'abandonne et tout ceci à votre bonne conduite.
Quant à cette caisse de soixante et quelques mille écus, destinés autrefois pour le service de l'armée de Dohna, je crains fort que ce fonds n'existe encore; j'en ai une idée confuse en tête qu'après la malheureuse affaire de Kunersdorf j'ai employé tout le reste de ce fonds, soit pour payer le prêt à l'armée, ou pour acheter des chevaux, ou à l'usage des magasins. Je ne saurais vous dire rien de positif sur cet article, mais je crains que vous ne trouverez ce fonds épuisé déjà, quand vous vous en informerez, quoique je ne saurais assez m'en ressouvenir des circonstances, pour oser vous dire quelque chose tout positivement à ce sujet.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
12171. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.
Quartier général de Proschwitz, 15 juin 1760.
Il m'a été très agréable et même consolant de voir par votre dépêche du 3 de juin que Sa Majesté Britannique ait pris l'affaire concernant le rappel de mes 10 escadrons de dragons de l'armée alliée4 sur le pied qu'elle doit l'être réellement, et vous jugerez sans peine que, mes affaires se trouvant dans la crise que vous savez, qu'il n'a pas
1 Im Concept wird der Satz eingeleitet durch: „Quant à votre dessein“ .
2 Vergl. S. 247.
3 So.
4 Vergl. Nr. 12093.