12243. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Quartier général de Weissig,1 11 juillet [1760].
Pour vous donner au moins en gros de mes nouvelles, je vous dirai que, parceque Daun avait poursuivi sa marche avec le gros de son armée vers la Silésie, étant passé de Bautzen à Gœrlitz et vers Lauban, je me suis attaché principalement au corps de Lacy, dans le dessein de le combattre, dès que j'aurais pu l'engager.
Dans ce dessein, je suis marché le 7 de Nieder-Gurka2 droit vers Bautzen, que l'ennemi avait entièrement abandonné à mon arrivée. Le 7, je suis allé reconnaître la position que Lacy avait auprès de Hartha,3 où je fis culbuter tous ses avant-postes dans son camp, à quelle occasion nous avons fait quelques officiers et au delà de 200 prisonniers de guerre. Le 8, j'ai poussé ma marche à Hartha, que Lacy avait déjà quitté pour se retirer à Reichenberg,4 et, ne se croyant pas sûr dans ce camp-là, il est marché tout de suite à Dresde, où nous l'avons poursuivi jusqu'au delà de Weissen Hirsch, et pris un officier et une douzaine de prisonniers, sa marche s'étant faite avec une telle précipitation qu'il nous a été impossible, malgré tous les efforts que j'ai faits, de l'atteindre, ni de l'engager à quelque affaire générale. Après donc que Lacy a passé l'Elbe par Dresde, je suis entré dans ce camp-ci; mais, comme je viens de recevoir des nouvelles que Daun se retourne avec son armée de ce côté-ci, il faudra nécessairement que je change de mesures, pour observer de quel côté il voudra se tourner, et, si je trouve l'occasion assez favorable pour engager avec lui quelque affaire, sans trop hasarder, je ne la négligerai pas.
Sans doute que vous trouverez tout ceci fort singulier; vous en verrez encore bien d'autres; nous ne sommes pas à la fin de nos travaux. J'apprends que les Anglais ont battu une flotte française, mais on ne dit pas où.5 Le prince Ferdinand est à Ziegenhain vis-à-vis des Français, et l'on croit qu'ils en viendront aux mains. Je fais mille vœux pour votre conservation et pour la réussite de vos entreprises. Adieu, je suis fatigué comme un forçat.
Federic.6
Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.
1 Oestl. von Dresden.
2 Vergl. S. 482. Anm. 1.
3 Vergl. S. 482. Anm. 3.
4 Nordwestl. von Dresden.
5 Gemeint ist jedenfalls der Seesieg der Engländer bei Quebec am 15. Mai. Vergl. Schäfer a. a. O., Bd. II, Th. 2, S. 148.
6 Auf dem Berichte des Generallieutenants von Zieten, d. d. Marsdorf (östl. von Moritzburg) 11. Juli, linden sich die Weisungen für die Antwort: „Ich hätte eben die Nachricht gekriegt, dass ein Corps von 4000 Mann gestern in Bautzen eingerücket wäre. Liesse alles, was wir hätten, bei Radeberg stehen, dass wir es auf die Seite kriegten.“