<77> de grandes idées des avantages de notre campagne qui vient, cela aurait été faire illusions aux susdits ministres et même les tromper et les induire à des démarches fausses; mais avec tout cela il faut que vous y agissiez avec modération, et sans les heurter de front. Je fais tous les efforts possibles pour rétablir mon armée et mes affaires, je m'opposerai vivement à ceux que l'ennemi voudra faire, rien ne sera oublié de ma part de ce qui contribuera à me soutenir efficacement; il n'y a que les événements qui en décideront et une trop grande supériorité des forces des ennemis que j'aurai à appréhender, si la France n'en sera pas détachée.
Je ne saurais vous laisser ignorer que je viens de recevoir aujourd'hui encore l'avis que la cour de Vienne par ses sollicitations importunes à Pétersbourg venait d'obtenir de celle-ci des ordres au général Rumänzow à ce qu'il devait, avec un corps détaché des troupes russes, marcher vers le printemps encore, pour faire une diversion dans mes États et passer en Saxe.1 J'ai pris préalablement mes mesures, si effectivement cette entreprise devait avoir lieu; mais au bout du compte, ce sera la trop grande multitude qui m'embarrassera, et à laquelle je serai en peine de faire face de tous côtés. Je vous avertis encore de ne faire qu'un usage prudent de cet avis-ci.
Federic.
Nach dem Concept.
11815. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.
Freiberg, 8 février 1760.
Je vous sais gré des nouvelles dont vous avez voulu m'instruire par votre rapport du 26 janvier. Comme il m'en paraît cependant, par ce que vous y dites, que les dépêches de mes ministres en Angleterre me convaincraient que la cour de Londres n'avait nulle envie de faire sa paix séparée, que vous n'avez pas bien compris le sens de ce que je vous ai marqué à ce sujet par mes dépêches antérieures, je suis bien aise de vous désabuser de ce malentendu, s'il y en a, et de vous dire qu'il ne m'est venu jamais dans l'esprit de soupçonner ni l'Angleterre ni le général-major de Yorke d'aucune négociation secrète avec les Français pour une paix séparée et clandestine à mon exclusion, dont je suis bien éloigné, et auquel sujet je suis tout au contraire bien assuré que l'Angleterre ne se séparera du grand jamais de moi, et que ses sentiments sont trop droits, trop justes et de trop de bonne foi, ainsi que M. Yorke, pour que je ne sois pas tout-à-fait tranquille là-dessus et qu'il n'entrera jamais ni doute ni soupçon en mon esprit sur ce point-là. De sorte donc que toute mon inquiétude, s'il y en a, ne consiste que de savoir si les Français ne s'expliquent pas, soit envers le sieur Yorke soit envers d'autres, sur leurs vraies intentions à sujet
1 Vergl. s. 75.