11776. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.
Freiberg, 24 janvier 1760.
Vous m'avez si sensiblement obligé par la communication de la lettre de M. Choiseul à Vienne,41-1 à la suite de celle que vous m'avez écrite du 20 de ce mois, que je ne saurais assez vous en remercier; elle m'a été extrêmement instructive, de sorte que je ne saurais assez vous prier de vouloir bien continuer à me communiquer tout ce qui vous entrera de nouvelles sur de pareils sujets qui m'intéressent si fort. Votre Altesse verra, au moins, par là la nécessité urgente où je me trouve dans ma situation présente, et combien j'ai lieu d'appréhender une nouvelle campagne. Je puis cependant bien dire en confidence à Votre Altesse que la France, nonobstant qu'il n'en éclate rien encore,<42> a très grande envie de tirer son épingle du jeu et de s'accorder avec l'Angleterre, de sorte que, pourvu que celle-ci ne mette sa paix à un trop haut prix, les choses pourront bien être menées à une bonne paix. J'ai prié, au reste, le Prince héréditaire de vouloir bien suspendre le retour avec son corps de troupes de quelques jours de plus encore, puisque cela me favorisera extrêmement, pour assembler encore les provisions les plus nécessaires à mes magasins.
Je vous suis très obligé de la communication importante que vous m'avez faite; il y a tout lieu d'espérer que la France fera sa paix, et je crois que cela pourra se conclure au mois de février ou de mars. Si cela arrive, nous serons hors d'affaire, sinon, vous pouvez juger vousmême si j'ai tort dans les tristes pronostics que j'ai formés. Je n'ose pas m'expliquer plus librement, mais mon neveu, que je mets au fait des moindres détails, pourra vous en rendre compte. Adieu, mon cher, je vous embrasse de tout mon cœur.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.
41-1 Vergl. dieses Schreiben in dem Cabinetserlass an Knyphausen Nr.11777.