12001. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.
Freiberg, 11 avril 1760.
J'ai reçu, par le courrier que vous m'avez renvoyé, vos rapports du 25 de mars et du 1er d'avril. Avant que de vous répondre à d'autres sujets, il faut que [je] vous dise, sur ce que vous me faites remarquer dans votre lettre du 1er de ce mois au sujet d'un passage compris dans celle que je vous ai faite du 19,261-1 qu'il faut qu'il soit là un malentendu de votre part ou que mon intention vous ait été mal expliquée, qui n'a jamais été, comme vous l'aurez dû comprendre par toutes les autres dépêches que je vous ai faites à ce sujet, que l'Angleterre dût faire sa paix avec la France ou en constater les points préliminaires à mon exclusion ou seulement par une inclusion générale et vague, sans que les conditions de mon accommodement y fussent expressément stipulées, au contraire renvoyées au congrès de paix: mais ma volonté expresse a toujours été et le reste encore que, quand l'Angleterre saurait convenir des points préliminaires de paix à mon inclusion expresse et, comme cela s'entend de soi-même, avec les conditions expressément stipulées de mon accommodement, de sorte que, comme vous vous en exprimez très bien, ma paix soit fixée et réglée d'un pas égal avec l'Angleterre et que celle-ci saurait, d'ailleurs, convenir avec la France d'une suspension d'armes ou de neutralité parfaite de la part de la France jusqu'à la pacification générale, que j'en serai content de ma part. Voilà ce que je crois que tout s'entend de soi-même et que je ne voudrais jamais voir la paix conclue séparément entre l'Angleterre et la France ou les préliminaires constatés entre elles à mon exclusion ou d'une façon vague seulement, qui ne régleraient expressément les conditions de mon accommodement ni ne me donneraient toutes mes sûretés. En attendant, vous avez très bien fait de m'expliquer vos doutes sur ceci, pour éviter tout malentendu dans une affaire de si grande conséquence.
Comme après la contre-déclaration donnée de la part des deux cours impériales,261-2 l'on ne voit que trop clair qu'elles n'ont guère envie de parvenir à la paix, et que tous les prétextes frivoles dont elles se servent, ne tendent [qu']ou à éluder le congrès proposé ou à de nouveaux délais, et que vous n'ignorez pas, d'ailleurs, que le ministère bri<262>tannique ne veut rien faire contre la Russie au moyen d'une escadre à envoyer dans la Baltique, qui cependant, selon tous les bons avis même de Pétersbourg, opérerait des miracles dans la façon de penser de la cour de Russie, surtout si elle avait un bon négociateur à bord, et qu'après avoir tancé la Suède en passant, se présentât à la hauteur de Pétersbourg, je crois qu'il conviendra au moins à l'Angleterre qu'elle fît entreprendre à présent au plus tôt mieux une expédition vigoureuse et efficace, soit sur la Martinique ou sur les côtes de France ou sur tels autres lieux où ils voudront, de sorte qu'on s'aperçût efficacement que les ministres anglais ne se fissent point bercer ni endormir par la France par des propositions vagues de paix. Je suis moralement certain que cela ferait revirer d'autant plus tôt la France vers l'Angleterre pour lui demander sérieusement la paix, et à telles conditions que l'Angleterre la lui voudrait prescire. A quoi vous contribuerez de votre mieux, autant que vous le trouverez convenable.
Je ne doute pas que [vous] n'ayez déjà reçu des copies des contredéclarations que les trois puissances liguées ont données à La Haye, Vous conférerez donc avec les ministres anglais sur ce qui regarde la proposition faite d'inviter encore la Suède et le roi de Pologne-Saxe au congrès, en déclarant à ces ministres que, quant à cet article, je m'abandonnais à leur gré, pour en faire tout comme ils le trouveraient convenable; mais que, pour ce qui regardait la proposition au sujet de la ville de Leipzig262-1 pour en faire le lieu du congrès, je ne saurais m'y prêter aucunement, vu le grand et dangereux inconvénient qui m'en arriverait, quand les courriers des puissances ennemies voudraient passer librement sous ce prétexte par mes armées et par les positions de mes troupes, ce qui m'accablerait d'espions, dont, sans cela, il s'en trouvent déjà assez et dont j'ai de la peine à les écarter. Mais telle autre ville que les ministres anglais trouveraient convenable de proposer en Allemagne à cet usage, comme Hamburg, Cassel, Bamberg ou Nürnberg, me serait également indifférente.
J'attends vos rapports le plus souvent à présent, pour me bien informer de tout ce qui se passe.
Federic.262-2
Nach dem Concept.
<263>261-1 Vielmehr vom 18. März; vergl. Nr. 11923.
261-2 Vergl. Nr. 11996.
262-1 Der Minister Choiseul hatte, nach dem Berichte Hellens, d. d. Haag 5. April, dem holländischen Gesandten in Paris, Berkenrode, erklärt, dass die von den Generalstaaten als Ort des Congresses vorgeschlagene Stadt Breda Frankreich der Nähe wegen gefiele, „mais qu'on ne savait pas si elle plairait également aux autres cours, nommément à celle de Vienne, et qu'il s'était fait de fortes instances pour faire choisir pour cet usage la ville de Leipzig“ .
262-2 Dem Residenten Hecht in Hamburg wird, Freiberg 11. April, der Auftrag ertheilt, mit dem jetzt in Hamburg anwesenden Geheimen Rath Schimmelmann im Vertrauen zu sprechen, „ob er nicht intentioniret sei und es von seiner Convenience fände, nach herstelletem Frieden eine kleine Porcelainefabrique zu Berlin, oder an was Orten Meiner Lande er es sonsten am bequemsten finden würde, auf den Fuss der Meissenschen Porcelainefabrique an- und einzurichten“ . Da die Meissner Fabrik jetzt in den Händen des Königs sei, so sei Gelegenheit geboten, sich „gute und verlässige Zeichnungen“ , sowie „alle gründlichen Nachrichten“ über die Fabrication zu verschaffen, auch sogenannte „Arcanisten“ und geschickte Arbeiter anzuwerben.