12046. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Au camp de Meissen, 29 avril 1760.
C'est dans la dernière confidence et en vous conjurant, mon cher frère, de m'en garder le secret le plus religieux, jusqu'à n'en parler encore à âme qui vive, que je veux bien vous communiquer qu'on vient de me faire des ouvertures,308-1 dont j'ai tout lieu de bien espérer, et en conséquence desquelles une flotte danoise saurait bien se mettre à la hauteur de Colberg, pour protéger cette ville contre les desseins des Russes et pour empêcher les débarquements que ceux-ci y voudraient entreprendre. Comme cette affaire n'est pas encore parvenue à sa maturité, je ne vous en avertis que préalablement, me réservant de vous expliquer tout, dès que l'affaire sera plus avancée qu'elle ne l'est actuellement, et de m'arranger avec vous [sur] ce qu'il y aura à faire alors, pour faire quelque diversion aux Russes en Prusse. Au surplus, selon un avis que j'ai reçu du juif Sabatky, je ne suis pas hors d'apparence de pouvoir gagner par des largesses le général Fermor et le sieur de Tottleben pour vous rendre secrètement de bons services.
Voici de nouvelles espérances; je vous marquerai toutes mes idées sur ceci, dès que j'y verrai plus de certitude; je pense que vous imaginez facilement quel usage nous en pourrons tirer, et quelle facilité tout ceci vous procurera, si une fois cela s'exécute. Tout est tranquille ici, et, à ne vous rien celer, je crois que cela restera sur ce pied jusqu'au 15 ou au 20 de mai. Je vous embrasse de tout mon cœur.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.
308-1 Vergl. Nr. 12045.