12127. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Au camp de Meissen, 2 juin 1760.
J'ai reçu, mon cher Frère, la lettre que vous m'avez faite du 30 de mai. Il est sûr que, dans l'embarras où nous sommes, entre tous les partis qu'on pourrait prendre, le meilleur est sûrement de marcher sur un des corps de nos ennemis qui vient à nous. Il y a toute apparence qu'on pourra le battre et, cela fait, dès que vous pourrez vous tourner pour marcher sur l'autre parti, il y a toute apparence que ces gens-là méditeront la retraite. Si l'on est malheureux, du moins on n'a rien à se reprocher, et on a la consolation d'avoir fait tout ce qu'on a pu faire pour réussir.
Je [sais] le malheur qui est arrivé avec Prittwitz,387-2 je souhaite que ce soit le plus grand qui nous arrive pendant cette campagne-ci.
J'ai bien de la peine à croire que Laudon ait sérieusement le dessein de percer en Silésie;387-3 je pense que, s'il a envie de l'entreprendre, il attendra que vous marchiez contre les Russes. Pour moi, je ne ferai point de ponts sur l'Elbe que lorsque je saurai que vous êtes obligé de sortir de Sagan.
Je n'entends point le mot des Turcs, voici cependant le temps où la cour devienne en dût être informée, s'il se passe là quelque chose et où elle serait obligée de prendre des mesures, si notre affaire a réussi La crise est certainement si violente qu'elle le saurait être. Dans un mois d'ici, nous serons éclaircis de tout; veuille le Ciel que ce soit à l'avantage de l'État!
Les Français sont encore dans leurs quartiers; les troupes de l'Empire ont grande envie d'agir, mais, tant que le prince Ferdinand<388> leur donne des attentions du côté de Fulda et sur l'évêché de Bamberg, les choses traîneront encore sur le pied où elles sont à présent. Je me tiens très serré ici, et j'attends les évènements, pour voir comment il me conviendra d'agir.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
387-2 Ein kleines Detachement unter dem Rittmeister von Priltwitz war am 27. Mai bei Fehrow (nord westnördl. von Kottbus) auseinandergesprengt worden. Vergl. Tempelhoff a. a. O. Bd. IV, S. 10 ff.
387-3 An den Generallieutenant von Treskow, Commandanten von Neisse, schreibt der König am 2. Juni: „Ich habe ersehen, was Ihr in Eurem Schreiben vom 29. voriges von dem Aufbruch des feindlichen Corps von Kunzendorf gegen Weidenau an Mich melden wollen, und gebe Euch darauf in Antwort, dass wir erst abwarten müssen, zu sehen, wohin eigentlich des Feindes Absichten gerichtet seind.“ [Berlin. Generalstabsarchiv.]