12154. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.
Hellen berichtet, Haag 3. Juni :
„Je fis hier une visite au marquis de Grimaldi, et, le trouvant seul pour la première fois depuis son arrivée ici, il commença à me parler de la situation présente des affaires et nommément de tous les pourparlers qui se sont passés au sujet d'une paix séparée entre l'Angleterre et la France, ainsi que touchant l'inclusion de Votre Majesté dans cette négociation. Il en est entièrement au fait et m'assure avoir même la copie des ordres qui avaient été adressés au comte d'Affry, et de ses rapports à ce sujet. Il m'assure que la France avait la plus grande envie du monde de la paix, mais qu'il paraissait qu'on ne s'était pas bien entendu; qu'on avait insisté, de la part de l'Angleterre, que la France déclarât avant tout de vouloir abandonner entièrement ses alliés, ce qui ne se pouvait guère, sans se couvrir d'infamie; mais qu'elle offrait presque l'équivalent et des effets, au lieu de paroles, c'est-à-dire, de ne plus assister les ennemis de Votre Majesté, excepté de fournir à la cour de Vienne le contenu de son premier engagement, les 24000 hommes ou 6 millions de livres; de ne plus remplir les autres engagements qu'elle avait contractés du depuis avec cette cour; de ne fournir rien à la Russie, la Suède et plusieurs princes d'Allemagne. Qu'elle s'engageait formellement à tout cela; qu'elle retirerait ses troupes d'Allemagne, auxdits 24000 hommes près; qu'il ne souffrirait même aucune difficulté de faire évacuer les Etats de Votre Majesté de ce côté-ci, comme une suite de son accommodement particulier avec le roi [d']Angïeterre, électeur de Hanovre, tandis que l'Angleterre serait la maîtresse, en retirant également l'armée alliée, de remplir ses autres engagements et de payer même quelques subsides de plus, pour mettre Votre Majesté à même de résister au reste de Ses ennemis dont le nombre diminuerait déjà de beaucoup par là. Le ministre d'Espagne ajouta qu'il croyait, quant à lui, que Votre Majesté aurait trouvé fortement Son compte à un pareil arrangement, aussi bien d'abord que surtout par ses suites, d'autant plus que la France sentirait fort bien qu'il n'était nullement de son intérêt que Votre Majesté fût écrasée.
Je lui répliquai que j'aurais souhaité que la France eût tenu pareil langage pendant l'hiver, qu'il me semblait qu'elle n'avait parlé jamais si clairement, en lui demandant si l'on pouvait tabler sur ce qu'il me disait. Il me répliqua: « Si vous et l'Angleterre voulez traiter avec la France à ces conditions, je me fais fort de faire venir un plénipotentiaire français secret ici qui les signera avec le ministre d'Angleterre. » II m'a confié, au reste, sous le sceau du secret, que le comte de Fuentes avait ordre de s'expliquer de même en Angleterre, si on lui en parlait, et d'ajouter en propres termes que le duc de Choiseul lui avait dit que, si l'Angleterre voulait faire traiter sur ce pied, il enverrait tout de suite un plénipotentiaire ou, si M. Yorke le voulait, il viendrait lui-même.“
Camp de Meissen, 10 juin 1760.
Der König bestätigt den Empfang des Berichtes vom 3. Juni und eines gleichzeitig übersandten versiegelten Packets, welches der russische Gesandte Golowkin an Hellen hatte gelangen lassen, und welches das Johanniterkreuz des verstorbenen Grafen Bestushew enthielt.
Quant à la conversation que vous avez eue avec le marquis de Grimaldi, j'ai été bien aise des ouvertures qu'il vous a faites et des lumières qu'il a répandues sur tout ce qui regarde les intentions de la<409> France pour parvenir à une paix séparée avec l'Angleterre à mon inclusion. J'ignore parfaitement si la France a fait faire l'hiver passé à l'Angleterre des conditions acceptables de celle-ci pour ce qui concerne leurs possessions aux Indes et leurs différends de commerce; mais je dois supposer que, si la France en a fait faire, que le ministère anglais ne les a trouvé du tout acceptables et nullement proportionnées aux avantages que l'Angleterre a eus, surtout l'année passée, sur les Français, et qu'on a mis les choses à un trop haut prix. Il faut, d'ailleurs, vous dire que vous avez eu beaucoup de raison à répondre au marquis de Grimaldi que, si la France eût tenu pendant l'hiver un pareil langage et s'était expliquée si clairement que ce ministre l'a fait dans son entretien avec vous, il ne fallait presque pas douter que cette affaire-là aurait été bien plus avancée qu'elle ne l'est actuellement.
Cependant, selon mon intention, vous devez tâcher à faire expliquer ce ministre avec M. Yorke, afin de les mettre tous deux en conférence ensemble sur ce sujet, pour entendre au moins de quelle façon il s'expliquera avec celui-ci et s'il y aura moyen de remettre cette affaire en train.
Federic.
Nach dem Concept.