12216. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Radeburg, 25 juin 1760.
J'ai reçu votre lettre du 21 de ce mois. Dans cette situation très critique de nos affaires où les circonstances surtout se changent du jour<458> au lendemain, je ne saurais que vous abandonner entièrement les affaires de là-bas et de m'en remettre uniquement à vous, pour agir tout-à-fait librement, selon que vous le trouverez convenable aux circonstances. Si vous avez besoin d'argent pour vos opérations en Pologne, celui qui est déposé à Küstrin, est à votre disposition, et vous n'avez qu'à le faire prendre en conséquence de l'ordre que j'ai donné au président de Rothenburg.
Les Autrichiens ont ébruité ici qu'ils avaient des nouvelles de la Silésie que Fouqué avait été battu là à plate couture auprès de Landeshut, de sorte qu'il n'y avait de son corps que 500 hommes de cavalerie qui s'étaient fait jour, l'épée à la main; à quoi ces gens ont ajouté qu'ils célèbreraient cette victoire ce soir par des feux de joie, ce que nous verrons.
Quoique les lettres de Silésie du 21 n'en disent rien, je ne saurais vous cacher que je suis dans de fortes transes à ce sujet, par la lettre de Fouqué du 21, dont je joins pour vous une copie chiffrée ci-clos. Je ne comprends rien de ce qu'il s'est fait couper par l'ennemi avec son corps de 11 escadrons de hussards, 4 escadrons de dragons, 4 bataillons de grenadiers et 4 bataillons de mousquetaires avec 3 bataillons francs, après ce que je lui ai réitérément et plusieurs fois écrit que je ne saurais me remuer ici pour aller en Silésie, avant que je n'eusse engagé quelque affaire décisive avec Daun, et que, cela heureusement passé, il me fallait dix ou douze marches pour arriver à lui; et, comme je l'ai également averti du dessein de Laudon pour tomber sur Breslau et se joindre aux Russes, je lui ai ordonné de faire raser ce qui restait d'ouvrages du côté de la Silésie au poste de Landeshut, et de marcher incessamment vers Breslau.458-1
Vous voyez par là, mon cher frère, l'embarras où je dois être, et les angoisses que je dois souffrir par l'incertitude où je me trouve sur ce qui est de Fouqué. Il a laissé le général-major de Ziethen avec 4 bataillons et 2 escadrons au Zeiskenberg, pour la communication avec Schweidnitz. J'envoie un ordre à Ziethen458-2 de se replier vers Breslau, pour s'y jeter; enfin, mon embarras est extrême dans cette incertitude affreuse où je me trouve!
Ce qui me console en quelque façon encore, c'est la lettre que je viens de recevoir du général-major de Zastrow,458-3 d'un assaut des Autrichiens que le lieutenant-colonel d'O a vaillamment repoussé avec grande perte de l'ennemi, et la nouvelle que le lieutenant-général de Lattorff à Cosel me donne458-4 sur les hostilités que les Turcs ont actuellement commencées en Hongrie, selon les deux copies de ces lettres que je fais joindre ici.
Federic.
<459>Landeshut, 21. Juni 1760.459-1
Ew. Königl. Majestät werden hoffentlich meine zwei gleichlautende Rapports vom 19. dieses durch zwei Feldjägers erhalten haben. Auf Ew. Königl. Majestät Ordre habe den Posten von Landeshut wieder eingenommen. En front habe ich die Corps von Gaisruck und Jahnus und auf beiden Seiten die Corps von Wolffersdorff und Naundorf!, welche noch täglich vom Laudonschen Corps verstärket werden. Ich sitze also hier fest und wie angenagelt und kann mich nicht wegrühren, weil der Feind so nahe um mich herumstehet, dass wir uns einander mit kleinem Gewehr beschiessen. Die Communication mit Schweidnitz und mit dem Generalmajor von Ziethen auf dem Zeisickenberg459-2 ist mir abgeschnitten, weil das Corps von Naundorff dazwischen stehet, und ich muss vermuthen, dass der Generalmajor Ziethen genöthiget werden dürfte, den Zeisickenberg zu verlassen und sich nach Schweidnitz zu ziehen. Bis Ausgang dieses Monats bin mit Brod und Fourage versehen und mit Verpflegungsgeldern ebenfalls nicht länger, indem die Kasse in Schweidnitz stehet. In dieser Situation werde mich allhier bis auf das äusserste zu halten suchen und eine Diversion von Ew. Königl. Majestät abwarten. Von Glatz kann ich allhier keine Nachricht einziehen. Der Generalmajor von Zastrow wird von allem, so er davon erfähret, Ew. Königl. Majestät Bericht abstatten, auch wird derselbe Ew. Königl. Majestät Befehl erwarten, was er an Brod vorräthig halten soll . . .
Fouqué.
Nach der Ausfertigung.
458-1 Vergl. Nr. 12204.
458-2 Vergl. S. 457.
458-3 Vergl. Nr. 12215.
458-4 Lattorffs Bericht d. d. Cosel 19. Juni, vergl. Nr. 12217.
459-1 Nach der von Fouqué dem Könige eingesandten Ausfertigung gedruckt, da die an Prinz Heinrich geschickte Abschrift fehlt.
459-2 Zeiskenberg.