12238. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.
Gross-Dobritz, 30 juin 1760.
J'ai bien reçu vos deux rapports du 13 et du 17 de ce mois, et je me suis toujours confié à la pénétration et à la justesse de penser de M. Pitt qu'il trouverait lui-même à quel point j'ai été indispensablement obligé d'attirer à moi les 10 escadrons de mes dragons qui avaient subsisté jusqu'ici auprès de l'armée alliée. Les circonstances gênantes où je suis vis-à-vis de mes ennemis, ne font malheureusement qu'augmenter de jour en jour, à cause de leur trop grande supériorité en nombre, et je n'entends absolument plus rien de l'aide et de l'assistance efficace des Turcs si nécessaires au redressement de mes affaires et au bien-être de celles de la cause commune, de manière que, quoique les apparences y aient été favorables pendant quelque temps, il ne semble plus qu'il en soit question, n'ayant point reçu de lettres ultérieures de la Turquie à cet égard.
Vous jugerez, au reste, vous-même que l'évènement fâcheux arrivé en dernier lieu relativement à la garnison de Québec n'a pu que m'être<480> extrêmement sensible.480-1 Je souhaite du fond de mon âme qu'il ne soit d'aucune mauvaise suite et que l'espérance qu'a conçue le ministère britannique par rapport aux opérations du général Amherst du côté de Montréal, puisse être accomplie, pour aider à remettre les affaires sur un pied tel qu'on saurait les désirer.
Secret. Au surplus, la critique et mauvaise situation où je me trouve à présent, m'a forcé, bon gré mal gré moi, de marcher d'ici au secours de la Silésie et de voir si, en chemin faisant, je saurais trouver l'occasion de combattre Daun qui, selon toutes les apparences, m'y suivra. Mes circonstances sont si malignes, à un tel degré, qu'il ne me reste qu'à prendre les partis les plus désespérés, et, si je ne craignais que vous auriez en peu de bien mauvaises nouvelles de moi, je ne parlerais pas tout-à-fait sans vraisemblance. Je laisse ici le lieutenant-général Hülsen pour maintenir la position que j'ai auprès de Meissen. L'armée russe se met en mouvement contre mes États, à qui mon frère Henri avec son armée s'opposera, de sorte qu'il faut que le mois suivant de juillet, selon toutes les apparences, décide de nos affaires. J'avoue qu'elles sont dans un état mauvais et embrouillé par la supériorité trop décidée des ennemis qui me pressent de tous côtés. Enfin, le bon Ciel y pourvoira, à l'assistance duquel je me fie.
Federic.
Nach dem Concept.
480-1 Knyphausen und Michell hatten, London 17. Juni, berichtet, dass die Garnison von Quebec am 30. April von den Franzosen in der Nähe von Quebec geschlagen und unter starkem Verlust in die Festung zurückgeworfen worden sei, in der sie nunmehr belagert wurde.