12275. AU FELO-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.
Au quartier de Leubnitz,510-1 22 juillet 1760.
J'ai été charmé d'apprendre par votre lettre du 17 que notre cher neveu a fait un si beau coup à Ziegenhain contre un corps détaché de l'armée de Broglie,510-2 dont je vous félicite, de même que le Prince, auquel [je vous prie]510-3 de faire des assurances de mon estime et de mon amitié la plus tendre.
D'ici, je ne saurais vous dire autant de bien. Mon artillerie avait fait effectivement la brèche sur Dresde, lorsque Daun avec toute son armée, fortifiée encore par [quelques]510-4 régiments du corps de Laudon, a marché jour et nuit pour retourner en Saxe par des marches forcées. Il arriva, le 18, de l'autre [côté] de l'Elbe à Schcenfeld, ce qui m'obligea à retirer à moi le prince de Holstein de ce côté-ci de l'Elbe, qui tenait investie la Neustadt de Dresde, parceque ce Prince ne pouvait suffire<511> à défendre également contre Daun les trois postes, [celui] où il campa, celui du Weissenhirsch et celui des hauteurs de Reichenberg, nécessaires cependant pour tenir investie la Neustadt et pour qu'il ne lui arrivât du malheur de l'armée de Daun. En retirant le poste du Weissenhirsch, les 2 bataillons francs de Wunsch ont un peu souffert, quoiqu'ils se soient défendus en braves gens.
Daun se campa en suite auprès des Scheunen,511-1 ce qui m'obligea d'arrêter mon attaque dans la Pirnasche Vorstadt. Il a détaché, la nuit passée, par la ville 16 bataillons, qui firent une sortie pendant la nuit sur les canons qu'on retira des batteries, et le détachement qui les couvrait. Il ne leur a du tout réussi sur les canons et les munitions; ils ont enlevé du commencement quelques petits piquets du régiment d'Anhalt-Bernburg qu'on avait postés dans ladite Pirnasche Vorstadt, mais ils furent rudement repoussés et rejetés dans la ville, et nous avons fait prisonniers le général Maguel, autrement dit Nugent, avec 200 hommes à peu près et quelques officiers, et cette corvée leur a coûté jusqu'à 800 hommes.
En attendant, mon grand coup est manqué, et jusqu'à présent je ne sais pas encore comment me prendre, puisque la grande supériorité de ces gens me fait manquer tous les mouvements que je saurais faire. Je vous souhaite du fond de mon cœur plus de bonheur et de succès dans vos entreprises que je n'ai pu trouver jusqu'à présent.
La Fortune continue à m'être si contraire que je n'ai pu jusqu'ici avancer d'un seul pas. Si un miracle n'arrive, je crains bien que ma prophétie ne s'accomplisse vers le mois de septembre.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.
510-1 Südsüdostl. von Dresden.
510-2 Gefecht bei Emsdorf am 16. Juli.
510-3 Nach dem Concept; in der Vorlage: „artillerie vous conditio“ .
510-4 Nach dem Concept; in der Vorlage: „prompt“ .
511-1 Vergl. S. 485. Anm. 8.