12308. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Camp de Hohendorf540-1 au Katzbach, 9 août 1760.
Il n'est pas difficile, mon cher Frère, de trouver des gens qui servent l'État dans les temps aisés et fortunés; de bons citoyens sont ceux qui servent l'État dans un temps de crise et de malheur. La réputation solide s'établit à exécuter des choses difficiles; plus qu'elles le sont, et plus elles honorent. Je ne crois donc pas que ce soit votre sérieux ce que vous m'écrivez.540-2 Il est sûr que ni vous, ni moi [ne] sauront être responsables des évènements dans la situation présente; mais dès que nous avons fait tout ce que nous pouvons, notre propre conscience et le public nous rendra justice.
Quant à la position présente de mes affaires, vous saurez que j'ai occupé Liegnitz comme un poste; je suis marché aujourd'hui sur Goldberg, et, en même temps que Daun, Laudon y est aussi venu de Reichenberg,540-3 et Beck après sa retraite de Bunzlau. Selon toutes les apparences, ces affaires ici se décideront en peu de jours; nous combattrons pour<541> l'honneur et pour la patrie, tout le monde fera l'impossible pour réussir. La supériorité du nombre ne m'effraie point; mais, malgré toutes ces circonstances, je ne réponds pas de l'évènement. Si Daun ne fait aucun mouvement demain, je marcherai du côté de Jauer et me franchirai le chemin de Schweidnitz, pour en tirer mes pains et mes vivres. J'ai tout lieu de présumer que nous les battrons, avant que cela arrivera. Si nous sommes heureux, vous l'apprendrez bien vite; si les choses tournent mal, vous ne le saurez que trop tôt.
Vous avez très bien fait de donner de grosses récompenses à Werner. Si votre argent est fini, vous n'avez qu'à demander 20000 écus en mon nom du ministre de Schlabrendorff et de lui dire, en même temps, que c'est ma volonté. Je souhaite que vous soyez dans peu obligé d'en demander.
Publiez là-bas que je vous envoie un corps de 10000 hommes. Demain, je ferai courir des bruits que vous me fournirez tout autant.
Federic.
Je vous félicite, mon cher frère, de tous les grands avantages que votre prévoyance, votre vigilance et votre célérité vous ont procurés.541-1
Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.
540-1 Südsüdöstl. von Hainau.
540-2 Der Prinz hatte, Lissa 5. August, geschrieben: „Si j'avais prévu les difficultés que je trouve dans cette campagne et ceux (so!) que je prévois encore, je vous aurais prié de me dispenser d'un emploi que je regarde quasi comme impossible à remplir.“
540-3 So; wohl Reichenbach, südsüdwestl. von Breslau.
541-1 Der Prinz hatte durch sein plötzliches Erscheinen vor Breslau den General Laudon veranlasst, die Belagerung dieser Festung aufzugeben und sich eiligst auf Canth und Zobten zurückzuziehen.