12340. AN DEN ETATSMINISTER GRAF FINCKENSTEIN IN MAGDEBURG.
Hauptquartier Hermannsdorf, 29. August 1760.
Il567-1 nous est arrivé hier par des courriers une volumineuse dépêche du sieur Rexin assez intéressante, mais qui ne dit rien, sinon que le Vizir ne veut signer le traité, d'ailleurs tout prêt, avant qu'il n'ait en main les lettres du roi d'Angleterre à lui et au Sultan. J'ai prié M. de Schlabrendorff d'envoyer à Votre Excellence à la première occasion tout-à-fait sûre les originaux de ces dépêches que je lui ai laissées bien cachetées à l'adresse de Votre Excellence.
Comme le Roi est sur le point de marcher, nous n'avons eu le loisir que d'en déchiffrer celle du 28 juillet. Tout le reste n'a pu être déchiffré. Le Roi vient de redépêcher aujourd'hui déjà deux des courriers vers Constantinople avec de nouvelles instructions. [Eichel theilt dem Minister den Inhalt des Cabinetsbefehls an Rexin (Nr. 12339) mit.]
Le Roi, après avoir fait joindre ici à son armée une partie de celle du Prince, marchera cette nuit en force contre Daun, qui est avec toutes ses troupes aux environs de Schweidnitz, pour en faire le siège et pour le couvrir. 11 ne faut pas douter d'une affaire décisive, à moins que Daun, contre toute attente, ne prenne le parti honteux de se retirer en Bohême. Voilà nos affaires donc dans la plus grande crise. Il faut qu'elles se décident entre ci et huit jours.
<568>Le Prince restera à Breslau, se sentant incommodé d'un accès de fièvre, dont le Roi est bien fâché, n'ayant jamais eu plus besoin d'assistance que dans le moment présent. L'armée russe a repassé depuis quelques jours la Bartsch,568-1 Dieu veuille qu'elle continue à rétrograder, comme on l'espère. Je crains encore que, pendant l'absence du Roi, elle ne s'avance encore vers Glogau, où le général Goltz est campé avec 10000 hommes. Je serais d'avis que Votre Excellence entretînt, en attendant, une bonne correspondance avec le commandant de Glogau pour avoir de nos nouvelles. Car avant que les choses ne soient décidées avec Daun, Elle n'en aura aucune de nous. Dieu nous assiste par une bonne victoire! Sans cela, il n'y a point de ressource. Veuille surtout le bon Dieu veiller sur la vie de Sa Majesté qu'elle ne ménage pas! Enfin, c'est ce moment d'effroi et d'horreurs pour nous le plus critique, que j'ai craint depuis bien du temps, dont le Ciel veuille nous tirer et sauver bientôt. Que Votre Excellence prie Dieu pour nous! . .
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
567-1 Französisch, weil in Chiffren. Vergl. S. 366. Anm. 1.
568-1 Vergl. Nr. 12334.