12374. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Dittmannsdorf,590-2 21 septembre [1760].

L'avis que vous me donnez, mon très cher Frère, par votre lettre du 19, de détacher pour la Saxe, serait très bon, s'il n'y avait de grandes difficultés dans l'exécution, à savoir que, primo, ce détachement serait obligé de passer en revue devant toute l'armée autrichienne; qu'en second lieu, il ne faudra pas douter que, dès que l'ennemi s'apercevrait de ce détachement, il ne laisserait certainement pas d'envoyer d'abord à ses trousses un de leurs corps au double plus fort que l'autre, ne fût-ce que pour l'arrêter chemin faisant; au surplus, ce serait peut-être le moyen pour que l'ennemi envoyât plus de ses troupes encore dans mes États.

Pour trouver donc un autre biais encore, afin de dérouter les projets de l'ennemi, je pense à présent à un autre moyen, sur quoi, mon très cher frère, vous me garderez un secret impénétrable : c'est à donner aux Autrichiens de la jalousie sur la Moravie, en les menaçant d'une diversion de ce côté-là. Voilà tout ce que je crois de pouvoir faire le mieux dans les circonstances présentes. Si les Autrichiens donnent<591> dans ce piège et s'ils détachent du côté de la Moravie, je me flatte que cela pourra me faire jour de ce côté ici, pour tomber sur le vide qu'ils me laisseront.

Mille grâces, mon très cher frère, des bonnes espérances que vous me donnez sur Colberg.591-1 Je souhaite de tout mon cœur que votre attente sur cela soit remplie!

Federic.

Nach der Ausfertigung.



590-2 In der Vorlage „Dittersdorf“ , ein Name, der auch in späteren Schreiben öfter statt „Dittmannsdorf“ gebraucht wird.

591-1 Der Prinz hatte geschrieben: „Jusqu'au 12, Colberg n'était pas assiégé encore. Les troupes que les ennemis ont débarquées, ne montent qu'à 3500 hommes. Le général Werner a dû se joindre, le 15, avec quelques bataillons de Stettin, en sorte qu'il peut être déjà arrivé à Colberg et que, par conséquent, cette place est sauvée.“