<139>route en deçà de l'Elbe. Quoique j'aime de faire tout au inonde pour la conservation des troupes de Sa Majesté le Roi votre maître, néanmoins, après ce qui s'est passé, je me vois indispensablement obligé de prendre cette résolution, puisque sans cela, j'ôterais la subsistance à mes propres troupes, et je me mettrais moi-même hors d'état de pouvoir rester dans ce pays. Je suis avec des sentiments d'estime, Monsieur, votre très affectionné
Federic.
Nach dem Concept.
813. A L'EMPEREUR DES ROMAINS A FRANCFORT SUR-LE-MAIN.
Chrudim, 28 avril 1742.
Monsieur mon Frère et Cousin. La lettre que Votre Majesté Impériale m'a fait l'honneur de m'écrire, sous date du 22 de ce mois, m'a été bien rendue, et j'ai vu avec une satisfaction extrême qu'Elle goûte les raisons que j'avais eues, lorsque je marchais avec une partie de mes troupes et celles de Saxe en Bohême, sur des avis si apparents tant de la part du maréchal de Broglie que même du roi de Pologne.
Contre toute mon attente ces nouvelles ont été fausses, dont je suis extrêmement mortifié, et l'ennemi, au lieu de marcher sur le maréchal de Broglie et sur Prague, est entré en Moravie avec le gros de son armée, sous les ordres du prince Charles de Lorraine.
Il est vrai qu'il m'aurait été impossible de trouver à la longue de la subsistance dans un pays qui en était aussi destitué que la Moravie, et, selon les avis que j'ai eus depuis quelques jours, l'armée ennemie n'y subsiste que de ce qu'on avait déjà amassé à Brünn et de ce qu'on lui amène actuellement de la Hongrie. Aussi le reste de mes troupes que j'avais laissé en Moravie, a été obligé de la quitter et de marcher vers Troppau, uniquement par le manque de subsistance, qui était à la fin si grand que le 22 de ce mois il n'y avait plus pour un jour de fourrages.
Tout ce que j'ai actuellement à faire, est d'empêcher par la position lue je prends que l'armée autrichienne qui est en Moravie ne puisse pénétrer dans la Haute-Silésie, et qu'en même temps je fasse, tant soit peu, reposer mes troupes des fatigues qu'elles ont souffertes pendant l'hiver, jusqu'à ce que les herbes et les fourrages commencent à venir, et jusqu'à ce que tous les secours des Français et ceux de l'Empire se soient rassemblés, pour ouvrir alors vigoureusement la campagne, selon le plan dont à l'arrivée de M. de Belle-Isle nous nous expliquerons. Je réitère les protestations de la haute estime, de l'attachement et de amitié invariable avec laquelle je suis, Monsieur mon Frère et Cousin, de Votre Majesté Impériale le très bon frère et très fidèle allié
Federic.
Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin.