754. AU GÉNÉRAL CHEVALIER DE SAXE A ROSCHITZ.
Selowitz, 24 mars 1742.
Monsieur. J'ai vu par la vôtre d'aujourd'hui la disposition que vous venez de faire pour commencer le blocus de Briinn, dont j'ai tout lieu d'être satisfait, étant persuadé que vous trouverez vous-même qu'avant que cette ville soit masquée, il n'y a point de repos à espérer; mais je suis fâché de vous dire que le peu d'infanterie que j'ai présentement auprès de moi, ne me permet pas d'occuper le village d'Obran, pendant que le prince Thierry est encore absent avec son détachement pour chasser les troupes hongroises. Quant à la ville de Littau, je suis d'accord que vous puissiez y faire transporter vos malades; mais c'est aussi ce que je puis faire, car de renoncer aux autres villes et villages des environs, jusque vers la Bohême, ce serait ôter à moi-même la subsistance pour mes troupes, assez nombreuses de ce côté-là; outre cela, je perdrais les moyens pour attirer en cas de nécessité le reste de mes troupes, qui sont encore en Bohême. J'aurais véritablement cru que les magasins de Znaym, que j'y ai laissés, auraient pu fournir plus longtemps, et au moins pour un temps de quatre semaines, la subsistance à vos troupes. Je vous prie de considérer vous-même si je suis en état de vous fournir encore plus de fourrage, pendant que mes troupes mêmes sont obligées de vivre de jour en jour, et qu'il m'a été impossible de faire des magasins. Ainsi il sera très nécessaire que vous travailliez de toutes vos forces pour fournir à la subsistance de vos troupes. Quant à l'argent que vous avez encore à Pardubitz, comme il ne marche point de mes troupes du côté de Landskron, je n'ai d'autre moyen pour favoriser le transport de cet argent que par Glatz et Silberberg sur Neisse, où le prince Léopold va, avec quelques bataillons, afin de couvrir la Haute-Silésie contre les incursions que les Hongrois menacent d'y faire. Si ce moyen pouvait vous accommoder, je n'attends que votre avis pour donner mes ordres au plus tôt possible. Au reste, Monsieur, la circonstance que vous me marquez de la cavalerie ennemie qui suit vos régiments, et les remplace dans les endroits à mesure qu'ils les quittent, demande notre attention, et je crois qu'il est très nécessaire de tâcher d'en avoir toujours de bons avis, de même que de tous les mouvements que les troupes ennemies peuvent faire. Outre cela, cette circonstance m'oblige de vous prier de me mander d'une manière bien positive et catégorique, quand l'ennemi pourrait marcher sur nous, et que je trouvasse nécessaire alors d'assembler vos troupes à un certain lieu, vers un certain jour et heure, pour aller alors conjointement attaquer l'ennemi, si je puis alors compter fermement que vos troupes y seront infailliblement, au lieu mandé et au jour et heure marqués? Il m'importe trop, Monsieur, pour que je ne doive pas être bien informé de cela, ainsi je demande instamment votre réponse la-dessus.
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.