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660. AU ROI DE POLOGNE A DRESDE.

Berlin, 15 janvier 1742.

Monsieur mon Frère. J'ai reçu la lettre qu'il a plu à Votre Majesté de m'écrire du 10 de ce mois, et je suis très sensible aux nouvelles assurances d'amitié qu'Elle m'y donne, et de la satisfaction qu'Elle témoigne de ressentir de ce que j'ai fait jusqu'ici, pour conquérir pour Votre Majesté les provinces qui doivent faire un jour son partage.

J'espère que Votre Majesté voudra bien être persuadée qu'attaché comme je suis inviolablement à Ses intérêts par les nœuds de l'union la plus étroite qui subsiste si heureusement entre nous, une de mes plus douces opérations sera toujours d'y contribuer autant qu'il me sera possible.

Mais je me flatte en même temps de la justice et de l'équité de Votre Majesté qu'Elle ne trouvera pas mauvais si, dans la situation présente des affaires et des opérations militaires, je ne saurais remplir Ses désirs par rapport à la demande qu'Elle m'a bien voulu faire de Lui évacuer la ville d'Olmütz, ou quelque autre place en Moravie, qui peut Lui faciliter la communication avec ses États.

Votre Majesté sait que ce sont mes troupes qui ont conquis tous ces pays-là, quoiqu'à la vérité uniquement pour Lui en procurer la possession.

Toutes mes dispositions y sont faites d'une façon, tant par les dépôts de magasins que j'ai commencé à former à Olmütz et dans autres places pour la subsistance indispensable des troupes, que par les autres arrangements nécessaires afin d'être en état de maintenir ces conquêtes pour Votre Majesté, et de pousser toujours en avant pour ouvrir vigoureusement la campagne prochaine, qu'il m'est absolument impossible de me dessaisir de ces places et de ces provinces sans que les intérêts de la cause commune, et ceux même de Votre Majesté, en souffrent considérablement et de manière à déranger totalement le plan des opérations futures, dont Votre Majesté et nos alliés seraient les premiers à se ressentir.

Au reste, Votre Majesté peut être persuadée que les pays et les provinces qui Lui sont destinés seront toujours ménagés autant qu'il est possible et que la subsistance nécessaire des troupes et les circonstances présentes le voudront permettre, puisque rien au monde ne me sera plus agréable que de trouver souvent des occasions pour contribuer quelque chose à Sa satisfaction, et pour Lui donner les preuves les plus convaincantes de l'amitié invariable et de la considération distinguée avec laquelle je serai etc.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.