672. AU ROI DE POLOGNE A DRESDE.

Landskron, 28 janvier 1742.

Monsieur mon Frère et Cousin. Je ne saurais assez remercier Votre Majesté de l'amitié et de la confiance qu'Elle me témoigne dans Sa lettre. Elle verra par ma façon d'agir qu'Elle a en moi un fidèle et bon allié.

Je suis arrivé hier ici, et nous sommes convenus, le Chevalier de Saxe et M. de Polastron,21-1 de marcher jusqu'à Meseritsch pour nous y joindre. Nous marcherons ensemble dans cet ordre vers la Taya, par lequel mouvement nous obligons l'ennemi à évacuer Budweis, Neuhaus et Tabor, pour se mettre derrière la Taya; en ce cas Votre Majesté Se verra, hors la ville de Brünn, en possession de la Moravie et de la Haute-Silesie, dont j'ose La féliciter d'avance. Elle verra, par le soin que je prendrai de la subsistance et du bon entretien de Ses troupes, combien j'ai à cœur tout ce qui peut Lui être agréable. Pourrais-je La prier en même temps de faire avancer Son corps de chasseurs jusques au corps du Chevalier, puisqu'il nous sera d'un grand secours contre les hussards; Elle l'entretiendra, de plus, ici sans qu'il Lui en coûte. Votre Majesté peut d'ailleurs être persuadée que je me porterai toujours à ce qui peut Lui être agréable, et je Lui promets qu'à Son premier ordre, en cas qu'Elle en ait besoin, le prince d'Anhalt marchera avec 40,000 hommes, où et quand Elle le désirera.

La sûreté de Votre Majesté et de Ses alliés se fonde a présent uniquement sur notre corps de troupes réuni; je La prie de ne point souffrir qu'on éparpille les troupes, mais de les laisser ensemble pour les raisons que je Lui ai dites avant que de partir de Dresde. Elle va voir à present quel effet admirable va faire la jonction de nos troupes pour notre avantage réciproque.

Les Français sont plus faibles que je n'aurais pu m'imaginer, et l'on ne peut donner le nom d'armée qu'au corps que je rassemble.

Je suis avec toute l'estime et l'amitié imaginables, Monsieur mon Frère et Cousin, de Votre Majesté le très bon frère et fidèle allié

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Haupt-Staatsarchiv zu Dresden. Eigenhändig.



21-1 Ueber die Besprechungen in Landskron vergl. das Schreiben des Ritters von Sachsen an den Grafen von Sachsen, Teutschbrod 30. Januar, bei Vitzthum d'Eckstädt a. a. O. S. 423.