694. A L'EMPEREUR DES ROMAINS A FRANCFORT SUR-LE-MAIN.
Quartier général Gross-Bitesch, 11 février 1742.
Monsieur mon Frère et Cousin. Le comte de Furstenberg, qui vient d'arriver, m'a rendu la lettre dont Votre Majesté Impériale l'a chargé pour moi; il nous a trouvé ici le jour de notre jonction avec les Saxons. Comme les affaires ont fort changé depuis le temps que <36>Votre Majesté Impériale m'a écrit, beaucoup de choses qui ont été bonnes alors, ne le sont plus à présent.
J'ai à combattre ici les ennemis de M. de Belle-Isle, les Saxons, et les Autrichiens, ce qui est bien de l'ouvrage tout à la fois, mais rien ne me deviendra difficile, dès qu'il s'agit du service de Votre Majesté Impériale. Nous marcherons demain, rapprochant nos quartiers, pour avancer sur Iglau; les ennemis chassés de ce poste, nous prendrons nos quartiers d'hiver le long de la Taya, ce qui obligera les Autrichiens d'en faire autant. Nous ne pouvons marcher sur Neuhaus faute de subsistance; je sais d'ailleurs par mes espions que les Autrichiens n'ont de magasins que du jour à la journée. Je prie d'ailleurs Votre Majesté Impériale de croire qu'il y a une grande différence de juger de ces sortes d'opération de loin ou sur les lieux; je ferai ce qui sera praticable, car à l'impossible nul n'est tenu. D'ailleurs, il est en vérité temps de donner du repos aux troupes, qui en ont grand besoin.
Dans les circonstances présentes, je dois conseiller en ami à Votre Majesté Impériale de lever des troupes, et cela même le plus tôt possible, et en nombre suffisant. Elle en a le plus grand besoin du monde, tant pour contenir les Bohémiens très mal intentionnés, que pour S'opposer à Ses ennemis et figurer avec Ses alliés. Je prévois que négligeant ce soin, Elle pourrait avoir lieu à la longue de S'en repentir grièvement. Votre Majesté Impériale prendra ce conseil comme une marque de cette amitié sincère et tendre avec laquelle je suis à jamais, Monsieur mon Frère et Cousin, de Votre Majesté Impériale le très fidèle frère et allié
Federic.
Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin. Eigenhändig.