729. AU GÉNÉRAL COMTE DE RUTOWSKI A IGLAU.
Znaym, 3 mars 1742.
Monsieur. Je vous envoie avec celle ci un plan du château de Spielberg, qu'un de mes officiers ingénieurs vient de me présenter, ayant eu occasion de le faire pendant son séjour à Brünn et au Spielberg, où il <66>a été quelque temps prisonnier de guerre l'année passée. Comme on m'a assuré que ce plan doit être très exact, je n'ai pas voulu manquer de le vous communiquer, croyant qu'on pourra s'en servir assez utilement en son temps.
Quand vos troupes auront bientôt achevé de manger tout-à-fait le pays à l'entour d'Iglau et les autres cantons que je vous ai fait marquer, je vous prie de m'en donner connaissance une couple de jours d'avance, afin de pouvoir régler après cela ce qu'il conviendra de faire. Mais je vous réitère mes instances de faire manger ou emmener tout, si bien que l'ennemi ne puisse trouver, après votre départ, que le vide.
Des avis que j'ai eus du côté de Hradisch disent unanimement que les ennemis tâchent d'assembler un corps de troupes hongroises de 15,000 à r6,ooo hommes, et qu'on cherche à faire remuer en même temps les montagnards des confins de la Moravie vers la Hongrie. Cela pourra m'obliger d'y envoyer un corps de troupes, pour contenir les gens du pays, et pour empêcher que ces 16,000 Hongrois ne se jettent dans Brunn, ce qui nous causerait d'étranges embarras et beaucoup d'alarme. Il sera ainsi nécessaire que nous joignons nos troupes plus près de ce côté-ci, et j'ai résolu de vous céder, pour cela, et pour mettre les troupes d'autant plus en état d'avoir avec moins de difficulté leur subsistance, tous mes quartiers depuis Znaym jusque vers Brünn, avec ceux que j'ai en avant du côté de Znaym vers l'Autriche, et je posterai alors mes troupes depuis Laa, le long de la Taya et de la Schwarzawa, pour défendre de ce côté que l'ennemi n'ait la moindre communication de Hongrie avec Brünn, et pour conserver l'entrée en Autriche. Il sera nécessaire qu'alors vos troupes serrent la ville de Brünn, autant qu'il sera possible, et la position de nos troupes faite de cette manière, nous mettra en état de n'avoir rien à craindre de l'ennemi, mais de pouvoir plutôt entreprendre tout ce que nous trouverons de notre convenance. Il est vrai que mes quartiers seront alors un peu serrés, mais je tâcherai de faire mon possible pour les faire subsister. J'attends votre réponse là-dessus au plus tôt possible, et je continue mes assurances des sentiments d'estime avec lesquels je suis, Monsieur, votre très affectionné
Federic.
Les ennemis se renforcent vers Hradisch, et il est nécessaire d'empêcher que de ce côté-là ils ne puissent envoyer le secours à Brünn; mais pour ce même effet, il est aussi nécessaire que vous formiez le blocus de Brünn; le préalable de tout est de bien manger le pays où vous êtes, pour que personne après vous n'y puisse subsister. Je vous embrasse, cher comte.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.
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