785. AU ROI DE POLOGNE A DRESDE.
Müglitz, 10 avril 1742.
Monsieur mon Frère et Cousin. Les sentiments d'amitié et la confiance que Votre Majesté vient de me témoigner, dans Sa lettre du 6 de ce mois, m'ont pénétré de la plus vive reconnaissance, et Votre Majesté me fera véritablement justice si Elle est persuadée d'un parfait réciproque de ma part, ne désirant rien tant que cultiver de plus en plus cette heureuse harmonie qui règne entre nous, et de la serrer d'une manière indissoluble.
Tous les avis qui me sont venus depuis peu, confirment les raisons que j'ai eues pour marcher avec une partie de mes troupes et celles de Votre Majesté en Bohême. Il est sûr que, si l'ennemi avait tenté contre le maréchal de Broglie, dans l'état où il a été, et privé de tout secours, l'expédition de la Moravie aurait été toujours perdue, nos pays exposés, et nous réduits à faire la défensive, sans que nous eussions su comment ouvrir la campagne, faute de subsistance; au lieu que par le mouvement que nous faisons actuellement, et par l'arrivée du corps de troupes qui vient sous les ordres du vieux prince d'Anhalt, nous sommes en état de résister aux forces autrichiennes et d'agir même offensivement, dès que la saison le permettra; après quoi, selon moi, la Moravie tombera de soi-même.
Votre Majesté peut être assuré que j'aurais ménagé très volontiers la Moravie comme un pays qui Lui doit appartenir, mais comme j'ai trouvé d'abord la difficulté qu'il y aurait à faire subsister une armée, après que ce pays a été presque consumé par les armées autrichiennes qui en ont tiré leur subsistance, depuis la campagne de l'année passée jusqu'à notre arrivée, j'ai cru que la raison de guerre voulait que nous devions ôter toute la subsistance de ce côté-ci à l'ennemi.
Je ne saurais trop réitérer les protestations de l'estime, de la considération et de l'amitié avec laquelle je suis à jamais, Monsieur mon Frère et Cousin etc.
Federic.
Nach dem Concept.