868. AU MARÉCHAL DE FRANCE DUC DE BELLE-ISLE A PRAGUE.
[Camp de Brzezy, 29 mai 1742.]
Monsieur. Après avoir mûrement réfléchi sur les conjonctures présentes et sur les circonstances où nous sommes actuellement, j'ai trouvé qu'il sera d'une nécessité absolue de faire avancer les troupes saxonnes, pour montrer d'autant plus de vigueur et de force contre l'ennemi.
Quant à moi, Monsieur, je ne prétends point qu'ils viennent ici m'assister; au contraire, j'y renonce de bon cœur. Mais je crois qu'il est très nécessaire que vous travailliez de toute votre force, pour faire mouvoir ces troupes françaises en Bohême, jusqu'à ce que le renfort leur vienne.
Par cette jonction, les troupes françaises seraient mises en état d'agir offensivement contre l'ennemi et de le serrer de bien près; au lieu que, dans l'état où vos troupes sont actuellement, elles ne sauront etre qu'à la défensive, et il se pourrait aisément faire que l'ennemi fît, en attendant, un coup qui serait alors bien difficile à redresser. Je connais trop, Monsieur, votre zèle pour le bien de la cause commune, pour que je ne dusse être assuré que vous concevrez aisément l'importance de tout ce que je viens de vous mander, et de quelle nécessité il est de faire absolument avancer les troupes saxonnes. Aussi <182>suis-je tout-à-fait persuadé que vous travaillerez de toutes vos forces qu'au moins ces troupes marchent, sans cesse de temps, en avant vers Prague, pour y être à portée de se joindre avec vos troupes. J'attends avec quelque impatience vos nouvelles là-dessus, et je suis avec toute l'estime imaginable, Monsieur, votre très affectionné
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.