877. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BRESLAU.
[Camp de Maleschau, 8 juin 1742.]
J'ai lu avec grande attention tout ce que Hyndford vous a dit. Nous avons gagné un grand point, qui est celui qu'on se désiste de notre assistance; nous avons encore gagné celui de rendre notre paix désirable à la reine de Hongrie. Il s'agit à présent des conditions. Premièrement, vous pouvez stipuler que Hyndford vous rendra vos pleins-pouvoirs en original, si vous ne convenez de rien. De même, que vous promettez en mon nom de ne point faire mauvais usage des choses que l'on vous proposera. Quant aux conditions, vous pouvez dire à Hyndford que je payerais les dettes de la Basse-Silésie à l'Angleterre, mais que, ne demandant pas la Haute-Silésie, il serait injuste que j'en paye les charges; mais que, si l'Angleterre me procure le Königgrätz et Pardubitz, je veux bien me charger de ce remboursement.
Après donc que vous aurez échangé vos pleins-pouvoirs, il faut que vous fassiez l'impossible pour pénétrer l'ultimatum de la reine de Hongrie, pour voir jusqu'où nous pouvons porter nos espérances, afin de hausser et baisser les voiles, selon qu'il sera nécessaire.
La Haute-Silésie, que l'on veut me céder, est un pays ruiné, insoutenable, et dont les sujets ne me seront jamais fidèles.
Le Königgrätz est un pays abandont, dont je puis d'abord jouir, qui produit un revenu clair, et qui fournit des hommes et des chevaux <188>pour la guerre. Je puis le défendre, et c'est une acquisition solide. D'ailleurs, l'abandon que je fais de mes alliés, et le Mécklembourg et l'Ostfrise188-1 méritent bien quelques attentions. Enfin, faites bien valoir ces articles, et dites qu'en cédant ce seul cercle, il est sûr et certain que la Reine gagne tout le reste. Quant à la paix particulière avec la France, je défie la Reine de la faire, bien moins avec l'Empereur, à moins que de cracher dix fois pis dans le bassin. En un mot, les Autrichiens n'ont nulle ressource que dans une paix particulière avec nous, et si nous en sentons les raisons, elles ne leur sont pas moins sensibles. Ainsi peut-être que l'envoi d'encore un courrier nous mettra totalement d'accord.
Car ne nous trompons point, une paix plâtrée n'est point une paix, bien pis, c'est une guerre sourde qui se rallume, lorsque l'on croit prendre son ennemi au dépourvu. J'attends donc avec bien de l'impatience ce que me rapportera votre courrier après l'échange des pleins-pouvoirs, pour prendre là-dessus une résolution finale.
Nach dem eigenhändigen Concept. Das in demselben fehlende Datum ergiebt sich aus der chiffrirten Ausfertigung.
188-1 Vergl. oben S. 135.