967. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Aix-La-Chapelle, 27 août 1742.

J'ai été surpris de voir par vos dépêches du 17 et du 20 de ce mois que le Cardinal continue dans ses soupçons contre moi, comme si je. pouvais augmenter le nombre des ennemis de la France, nonobstant toutes les assurances que je lui ai fait donner du contraire. Mon intention est donc que vous devez faire de votre mieux pour rassurer le Cardinal là-dessus, et vous lui direz dans des termes aussi polis que mesurés, afin qu'on n'en puisse faire quelque mauvais usage, qu'il n'aura jamais rien à craindre de moi, que je ne m'opposerai point aux desseins de la France, mais que je me réjouirai plutôt s'ils réussissent à son gré, et que, si même je pouvais arrêter par des bons offices les desseins que les ennemis de la France méditent contre elle, je le ferai de bon cœur, autant que les conjonctures le voudraient permettre; enfin, que j'estimerai toujours l'amitié de la France, et que, quelque offre avantageuse qu'on pourrait me faire, pour prendre les armes contre elle, on ne réussira jamais à m'y entraîner. Vous assurerez en même temps le Cardinal que mon séjour à Aix-la-Chapelle ne cache pas le moindre mystère, que je n'y suis que pour prendre les eaux, et qu'en une douzaine de jours je retournerai à Berlin et de là en Silésie, pour y vaquer à mes <260>affaires domestiques. Vous direz pourtant aa Cardinal que j'espère de' lui que par un retour d'amitié il voudra bien, faire en sorte que le ministre de France à la cour de Russie ne continue plus de briguer à ladite cour, pour l'indisposer contre moi; que je suis assez informé de tous les propos qu'il en a faits, mais que je ne l'attribue qu'à son faux zèle, et que j'espère que le Cardinal y voudra remédier. Je suis etc.

Federic.

C'est un renouvellement d'instruction, qui vous était d'autant plus nécessaire que j'ai remarqué par vos relations que vous êtes incertain sur ma façon de penser.

Nach Abschrift der Cabinetskanztei.