1090. A L'EMPEREUR DES ROMAINS A FRANCFORT SUR-LE-MAIN.
Potsdam, 15 mars 1743.
Monsieur mon Frère et Cousin. J'ai eu la satisfaction de recevoir la lettre que Votre Majesté Impériale m'a fait l'honneur de m'écrire du 9 de ce mois, par laquelle j'ai vu ce qu'Elle me mande au sujet de l'entrée des troupes anglaises dans les pays de Juliers et des procédés violents du lord Stair, de même que sur le projet des Anglais d'aller occuper les environs de Francfort.
Comme je connais les obligations où je me trouve envers l'Électeur palatin par rapport au pays de Juliers et de Bergue, je n'ai pas discontinué, depuis la première nouvelle que j'ai eue de l'entrée desdites troupes dans le pays de Juliers, d'en faire des représentations les plus sérieuses à la cour de Londres, qui sur' cela m'a fait assurer, de la manière la plus positive, que l'intention du roi d'Angleterre ne fut jamais de vouloir en aucune manière à ces pays, et que les troupes anglaises n'y resteraient qu'autant de temps qu'il leur faudrait pour n'être pas trop harcelées des marches qu'ils ont faites; aussi m'a-t-on assuré que ces troupes commençaient actuellement d'en sortir.
Les mêmes protestations m'ont été faites de la part de la cour de Londres au sujet de Votre Majesté Impériale, celle-là m'ayant donné <351>toutes les assurances qu'on peut prétendre qu'elle n'en voudra jamais ni au chef de l'Empire ni à l'Empire même. Et, si j'ose le dire, j'ai de la peine à me persuader que les Anglais seraient capables de faire une démarche qui ne pourrait que révolter absolument tout l'Empire contre eux. Les menaces inconsidérées que le lord Stair doit avoir faites, sont impardonnables; aussi en ai-je fait des représentations très sérieuses tant à la cour de Londres qu'à son ministre à ma cour, le lord Hyndford, lequel m'a pourtant fait assurer que, si le lord Stair avait fait de pareilles démarches, il avait absolument outrepassé ses ordres, et qu'il aurait à en répondre.
Votre Majesté Impériale sera persuadée, par ce que j'ai l'honneur de Lui dire, que j'ai fait tout ce qui m'a été possible de faire, dans la situation où je suis, pour le maintien du système de l'Empire; mais je laisse au jugement éclairé de Votre Majesté Impériale et à Sa profonde pénétration si moi seul, comme membre de l'Empire, puis faire plus, sans le concours de tous les autres membres. En attendant, je ne discontinuerai point de faire des remontrances sérieuses pour la conservation du repos public, autant que les engagements où je suis le permettront, ne souhaitant que de pouvoir témoigner la parfaite considération et amitié avec laquelle je suis, Monsieur mon Frère et Cousin, de Votre Majesté Impériale le très bon frère et cousin
Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin.