1194. AU MARÉCHAL COMTE DE SECKENDORFF A ANSPACH.
Anspach, 17 septembre 1743.
Monsieur le comte de Seckendorff. Étant véritablement touché de la continuation de la confiance que Sa Majesté Impériale veut bien avoir en moi dans l'état critique de ses affaires, et de ce qu'elle daigne de savoir mes sentiments sur les articles que je viens de voir dans votre représentation en date de 16 de ce mois, je n'ai pas voulu manquer de vous dire que, quant à l'article 1er,421-1 Sa Majesté Impériale sera parfaitement persuadée de mon attachement sincère et fidèle, par tout ce que j'ai fait jusqu'ici pour l'avancement de ses intérêts, en quoi, en bon patriote, je ne cesserai point, autant qu'il me sera possible.
Quant à l'article 2, touchant l'armée d'association pour la sûreté de l'Empire, vous conviendrez vous-même que, la saison étant trop avancée pour qu'on puisse former de pareille armée, ce serait gâter absolument les affaires de l'Empereur et ruiner celles de ses véritables amis, si on y voulait travailler à présent. Mais, selon mon avis, le temps le plus propre pour mettre cette affaire sur le tapis et pour la mener à son exécution, sera vers le printemps prochain, et ce sera alors que je pourrais manifester mes sentiments. H serait pourtant nécessaire de travailler, en attendant, sous main pour gagner le cercle de Franconie et surtout l'évêque de Würzbourg, ce qui ne manquerait pas d'être d'un grand poids auprès des autres cercles de l'Empire.
<422>Quant à l'armée de l'Empereur, je suis d'opinion qu'il sera indispensablement du service de l'Empereur de la faire camper ou cantonner là où elle est, jusqu'à ce que les troupes anglaises ou autrichiennes commencent à entrer dans des quartiers d'hiver. Et comme il est impossible que ces troupes ne doivent pas prendre les leurs dans des États de quelque prince neutre de l'Empire, cet exemple autoriserait alors l'Empereur de mettre pareillement son armée dans des quartiers d'hiver sur les territoires de quelques États neutres, à quoi les plus propres seraient l'évêché d'Eichstædt, les territoires des villes de Nuremberg, Francfort, et autres villes d'Empire ou de petits États, pour ne pas offenser les puissants États de l'Empire.
Au reste, je ne saurais omettre ici de vous dire que je crois nécessaire que l'Empereur tâche de se rapprocher un peu plus de l'impératrice de Russie, sans lui demander pourtant d'abord ni troupes ni subsides. Le moyen le plus sûr pour parvenir à cette fin serait, si l'Empereur voulait donner le titre d'impératrice à la souveraine de la Russie, du moins de sa chancellerie domestique, promettant en même temps qu'il s'employerait auprès de l'Empire pour qu'il la reconnût de la même manière. Cette démarche, qui en soi n'est qu'une vétille, ouvrirait à l'Empereur la correspondance avec la Russie, qui ne saurait être que d'un très bon effet pour les intérêts de l'Empereur. Je suis avec des sentiments d'estime votre très affectionné
Federic.
Nach dem Concept.
421-1 Die Bitte des Kaisers, der König möge, ohne den Degen ziehen zu sollen, die Feinde durch Verhandlungen zur Nachgiebigkeit veranlassen.