<273> inconvénients dans votre entreprise, et qu'elle ne saurait manquer de trouver des obstacles; mais en même temps j'ai cru aussi, et l'espère encore, que vous les surmonterez. Quand une fois vous serez maître de Cassel, voilà tout embarras fini et notre affaire faite.

A ce qu'il paraît, vous ne me savez guère gré de l'assistance que vous font mes troupes aux ordres du général de Syburg; cependant je ne saurais vous dissimuler qu'elles vous écartent l'armée de l'Empire qu'elles harcèlent continuellement à présent auprès de Gera et de Schleiz, pour n'oser se joindre aux Français ni songer qu'à leur défensive; mais qu'elles devraient s'éloigner autant de moi comme vous paraissez le désirer,1 voilà, mon cher Prince, ce qui sera impossible, et cela surtout dans un temps où les troupes autrichiennes commencent à s'assembler, comme elles le font actuellement; d'ailleurs, je ne saurais m'empêcher de laisser reposer tant soit peu le reste de mes troupes, étant hors de doute que ma campagne commencera bien plus tôt à s'ouvrir que la vôtre et que, d'abord que vous aurez repris Cassel, votre besogne sera faite, au lieu que la mienne commencera alors.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.


12748. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.2

Meissen, 20 mars 1761.

Mon cher Frère. Malgré toutes les bonnes nouvelles que je vous ai mandées, il ne faut pas vous imaginer que la paix soit faite. Il y a dix à parier contre un que les Français s'accommoderont encore avant l'ouverture de la campagne; je crois que l'on peut regarder de même les Suédois comme hors de jeu; je doute que les Russes veuillent prêter le collet à cette campagne prochaine : mais il faut compter que les Autrichiens, quoique manquant d'argent, seront les derniers à s'accommoder, selon leur louable coutume. Il faut donc se préparer à leur résister, et comme nous avons tenu bon jusqu'au moment présent, il faut couronner l'œuvre et ajouter encore ce bout de campagne aux cinq qui se sont écoulées. J'espère donc qu'en bon patriote vous ferez vos efforts pour contribuer à la conclusion de la paix. Je suis, d'ailleurs, persuadé que l'exercice est la meilleure médecine que les médecins vous peuvent prescrire. Je me flatte donc que vous voudrez venir ici, pour que je puisse vous expliquer de quoi il est question. Il faudra passer par Berlin et Wittenberg — le pont de Torgau n'est pas encore rétabli —, et je me fais un plaisir de vous embrasser.



1 Der Prinz wünschte, dass das Gros des Corps bis Eisenach oder Vacha, die leichten Truppen bis. Meiningen und Neustadt (a. d. fränkischen Saale) vorrückten.

2 Prinz Heinrich befand sich im März in Glogau.