Ce que je vous recommande au mieux encore une fois avec instance et comme l'affaire la plus pressée dans les moments présents, c'est de travailler au mieux et sans relâche auprès, des ministres anglais à les disposer de convenir avec la France sur une suspension d'armes et de la rendre d'abord à la suite générale. Je comprends assez que M. Pitt peut avoir encore des vues de conquêtes dans les Indes, et qu'il croit pour cela que l'époque proposée par la France pour l'uti possidetis ne soit pas de la convenance de l'Angleterre, mais on a toujours lieu de craindre le chapitre des incidents et, d'ailleurs, ne pense-t-on pas à la situation assez scabreuse où le prince Ferdinand se trouve en Allemagne pour avoir vis-à-vis de lui les deux armées françaises, celle de Broglie et celle de Soubise, qui s'assemblent actuellement, l'une de la même force que l'autre? Si l'Angleterre pousse avec vivacité ses entreprises par ses forces de mer, il ne faut pas douter que la France n'agisse de la même façon en Allemagne, pour trouver là des équivalents à rendre à la paix, contre ce que les forces de l'Angleterre peuvent faire encore de conquêtes aux Indes, de sorte qu'au bout du compte on n'aura rien gagné. Ainsi l'ouvrage le plus salutaire auquel il faut travailler à présent avec empressement, est la suspension prompte des armes en Europe; reste toujours libre à l'Angleterre d'en prolonger le terme par rapport aux Indes„, par toutes les raisons que M. de Pitt a indiquées dans sa susdite réponse.
Federic.
Nach dem Concept.
12849. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Meissen, 28 avril 1761.
Voici ma réponse sur lès différents articles que vous avez bien voulu m'envoyer à la suite de votre lettre du 28, pour savoir mes intentions là-dessus.
1° Si les Français pénètrent par la Thuringe dans le Halberstadt, vous ne pouvez leur opposer que les nouvelles levées des bataillons francs, parceque les ennemis n'y peuvent agir que par des incursions.
2° L'ennemi ne voudra pas ruiner la ville de Leipzig, ainsi le commandant pourra toujours attendre les extrémités et obtenir une bonne capitulation, en faveur que l'ennemi aura pour la ville.
3° Il n'y a que les circonstances seules du temps qui puissent décider s'il faut défendre Wittenberg ou l'évacuer. Il est impossible avant le temps de voir les circonstances où l'on se trouvera, et l'exigence des cas.
4° Il ne paraît bien plus vraisemblable que, si M. Daun quitte son camp de Plauen, qu'il se tournera plutôt vers la Silésie que vers Berlin, par la raison qu'il' ne peut pas amasser un assez grand charriage pour se faire suivre de ses vivres pour une grande armée, en pénétrant