<489> les Anglais soient sur le point d'être rompues, mais dans huit ou quinze jours, au plus, tard, on pourra dire positivement à quoi on pourra s'attendre. Je voudrais que le corps de la place de Belle-Isle1 fût déjà pris, et que les Anglais fussent en état par là d'inquiéter les Français sur leurs côtes; dans ce cas, M. de Soubise serait sûrement obligé de détacher. Je conçois parfaitement que vous aurez, en attendant, beaucoup de peine et beaucoup d'embarras; mais je conçois, en même temps, que la capacité de M. de Soubise n'approche pas de celle de M. de Broglie, et qu'il vous donnera lieu par quelque démarche d'engager avec lui une affaire comme celle de Minden et de gagner la supériorité sur lui : ce qui vous donnera en suite l'aisance de pouvoir vous opposer avec toute la commodité possible dans toute la suite de la campagne aux efforts de M. de Broglie.
Quant à nous autres ici, Daun et Laudon se sont tenus fort tranquilles jusqu'à présent, apparemment pour attendre que les Russiens se meuvent; et voici présentement le temps où il paraît que ceux-ci voudraient commencer à remuer. Ils voudraient s'emparer de Colberg, ce qui paraît être le principal objet de leur plan; ils veulent faire le siège par terre et par mer, comme l'année passée : voilà pourquoi ils attendent apparemment l'arrivée de leur flotte vers le 15 du mois prochain. Comme le gros de leur armée a le dessein d'entrer dans la Nouvelle-Marche, et qu'ils se sont assemblés en deux corps, dont l'un est près de Posen et l'autre vers Driesen, j'ai détaché le général de Goltz avec un corps suffisant pour les observer et pour profiter des occasions qu'ils pourraient lui donner par quelque fausse démarche; l'évènement de ceci pourra avoir beaucoup d'influence sur toute la campagne.
Mon alliance avec les Turcs peut bien déplaire à mes ennemis, mais tant que les premiers n'obligent pas ceux-ci à faire quelque gros détachement, ils n'y perdent pas grand'chose. Gardez, mon cher, votre major de brigade,2 je souhaite qu'il puisse vous être utile. Il me prend des envies de chanter avec Krika : « Ô quel imbroglio! »
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.
12995. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Kunzendorf, 27 juin 1761
J'ai eu la satisfaction de recevoir à la fois vos deux lettres du 23 de ce mois. Tout ce que l'on voit seulement des projets de nos ennemis, c'est que les Russes veulent s'emparer de Colberg, dans le dessein
1 Vergl. S. 423.
2 Graf Dohna, Lieutenant im Dragonerregiment Pomeiske (früher Holstein), den der Prinz als Adjutanten zu behalten wünschte.