Pour ce qui regarde, au reste, le mariage que le roi d'Angleterre vient de déclarer avec la princesse de Mecklembourg-Strelitz,1 je n'ai pas le moindre mot à dire contre, tout au contraire, comme il était absolument libre à ce Prince de faire en cela son choix conformément à son inclination, je suis bien aise qu'on ait préféré cette Princesse à toute autre. Je ne vous prescris point de compliments à faire là où vous êtes, tant à ce sujet qu'à celui de la journée du 16, puisque vous savez bien que vous êtes le maître d'en faire partout où vous le trouverez convenable.
Je commence à croire à présent, vu le grand évènement du 16, que, malgré monsieur Kaunitz et les Autrichiens, la paix se fera entre l'Angleterre et la France. Les choses sont trop avancées pour se rompre, ou bien il faut qu'il y ait eu un excès de mauvaise foi chez le ministère de Versailles, dont, cependant, j'ai peine à le soupçonner, parcequ'il en a agi jusqu'ici assez rondement. Mais vous m' éclaircirez sur ceci comme sur le reste.
Federic.
Nach dem Concept. Der Zusatz eigenhändig auf der im übrigen chiffrirten Ausfertigung.
13085. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.
Giesmannsdorf, 25 juillet 1761.
Je viens de recevoir votre lettre du 20 de ce mois. Quand je combine les nouvelles que mes lettres de Londres2 contiennent, avec l'avantage que le prince Ferdinand a remporté le 16 sur l'armée de France, j'ai bonne espérance que les Anglais et les Français seront en peu d'accord pour leur paix. C'est pourquoi vous ne sauriez assez répéter à mes ministres à Londres de veiller extrêmement à ce que cela soit à mon inclusion, et que rien ne s'y fasse à mon préjudice.
Quant à ma situation ici, je crois toujours, sans pouvoir cependant le dire positivement, que le dessein des Autrichiens est de vouloir se joindre à l'armée des Russes. S'ils tâchent d'effectuer ceci, il faut indispensablement que je m'y oppose.
Je ferai autant qu'il dépendra de moi, pour ne rien gâter aux affaires et afin que tout ait un bon succès pour nous; mais il ne dépend pas de moi de répondre pour les évènements. Il est fâcheux que la négociation de paix entre l'Angleterre et la France vient un peu trop tard à notre égard.
Quand je croirai pouvoir vous marquer quelque chose de positif sur nos opérations et celles de l'ennemi, je le ferai; en attendant: festina lente!
Federic.
Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.
1 Vergl. S. 548.
2 Vergl. Nr. 13084.