<592> que, si j'avais écrit ma lettre au sieur Pitt, ce n'avait été que de crainte de quelque malentendu, ce qui m'avait mené a entrer en quelque explication confidente avec cedit ministre, mais que j'étais à présent entièrement éclairci et que j'avais tout lieu d'être parfaitement content des preuves convaincantes qu'ils venaient de me donner de leurs intentions très amiables.

Informez-moi si vous croyez qu'après que l'Angleterre vient d'acquérir à présent de si grandes richesses par la conquête de Pondichéry, elle voudra bien soutenir encore une campagne contre la France, dans le cas que celle-ci se refusait aux conditions justes et raisonnables que l'Angleterre vient de lui prescrire. Peut-être que la France, après ces coups importants qu'on lui a portés, se montrera plus modérée.

Il y a deux points encore que je suis bien aise de vous faire observer, dont le premier est la déclaration ronde et énergique que les ministres anglais ont faite dans les articles 4 et 11 de l'écrit à délivrer par M. Stanley au duc de Choiseul par rapport à Dunkerque et à l'égard de l'évacuation de Nieuport et d'Ostende, dont j'ai été charmé. Voilà la vraie pierre de touche si les intentions de la France pour la paix sont sincères ou non. Comme des lettres de Hollande avaient assuré, il y a peu de temps, que la cour de Vienne venait de faire des offres les plus éblouissantes à la France pour la détourner d'une paix particulière avec l'Angleterre, je n'ai presque pas douté qu'il ne s'y agissait de la cession de quelques places dans les Pays-Bas et surtout celles1 d'Ostende et de Nieuport, et que les Autrichiens s'étaient stipulé, en guise de compensation, mes États au Bas-Rhin.2 Ce qu'il faut qu'il se développe à présent. J'estime que ce soit le vrai nœud des liaisons entre les cours de Versailles et de Vienne, de sorte que, si la France se prête à l'évacuation demandée de cesdites places, son alliance avec les Autrichiens tirera bientôt à sa fin, et elle ne fera guère plus des difficultés de me remettre mes États au Bas-Rhin. Observez que vous n'aurez pas besoin de parler aux ministres anglais de cette dernière circonstance; mais il est sûr que, si l'Angleterre reste ferme sur sa demande par rapport à l'évacuation de ces deux places, il faudra que la France se démasque.

Le second point est que je ne crois pas que les ministres anglais oublieront qu'ils sont en possession des évêchés de Münster, de Hildesheim et d'autres encore, et qu'ils auront ainsi l'avantage qu'ils pourront se servir d'équivalent de ces possessions, quand la France voudra rendre le pays de Hesse, de Hanau et cetera. Ce que vous ferez remarquer aux ministres.

Federic.



1 In der Vorlage: „surtout parmi celles“ .

2 Vergl. Bd. XVIII, 761; XIX, 632.