<62> nos affaires, et pour mieux dire, je crois que nous n'y perdrons rien par de certaines considérations relatives aux préjugés du défunt pour son Électorat. Il faudra ordonner le deuil, comme l'usage le veut en de pareils évènements.

Ma contusion n'a été que douloureuse, le coup a porté sur le sternum, l'os a résisté. J'ai perdu la respiration pour une minute; mais comme je sentis que je n'étais pas mort, je n'ai pas quitté le champ de bataille qu'après la fin de l'action. Des cataplasmes ont dissipé l'enflure, de sorte qu'à quelque légère douleur près je vais comme à mon ordinaire.

Je puis vous dire à présent affirmativement que l'ennemi a perdu au delà de 20000 hommes, 14 généraux morts, blessés ou prisonniers. Il y a toute apparence que nous reprendrons Dresde, cependant je n'ose l'affirmer, et je n'en pourrai parler positivement que dans quelques jours.

Beaucoup de nos fugitifs rejoignent leurs corps, et de moment en moment notre perte diminue; cependant j'avoue que de 15 batailles où je me suis trouvé, je regarde celle du 3 comme une des plus rudes journées.

Mon avant-garde est à Kesselsdorf, l'armée de Daun est à la rive droite de l'Elbe; nous n'avons à Altfranken1 devant nous que Lacy et quelques fuyards.

Contentez-vous de ces nouvelles; dès que j'aurai des meilleures à vous donner, je me hâterai de vous les faire parvenir. Adieu.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


12473. AU ROI DE LA GRANDE-BRETAGNE A LONDRES.

Meissen, 7 novembre2 1760.

Monsieur mon Frère. Je viens d'apprendre avec bien de la douleur la mort du Roi mon oncle. J'en ai été d'autant plus sensiblement affligé que je perds un parent, un ami et un fidèle allié. Je serais inconsolable, si je ne me flattais de trouver en Votre Majesté un ami qui répare la perte de celui que je viens de perdre. Je L'assure qu'Elle trouvera en moi la même fidélité dans l'exécution de mes engagements et le même zèle pour l'avancement de la cause commune. Je fais mille vœux pour la prospérité de Son règne, en Lui demandant Son amitié et L'assurant des sentiments de la plus haute estime avec lesquels je suis, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère

Federic.

Nach der Ausfertigung im Public Record Office zu London. Eigenhändig.



1 Westsüdwestl. von Dresden.

2 Vergl. S. 61. Anm. 4.