12595. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.
Leipzig, 17 décembre 1760.
J'ai reçu les deux lettres qu'il a plu à Votre Altesse de m'écrire en date du 13 de ce mois, et il m'a été chagrinant de voir par leur contenu que vous ayez interprété mes bonnes intentions, tant pour vous que relativement au bien de la cause commune, sur le pied que vous le faites;155-1 il ne me reste donc que de remettre le tout à votre pénétration et à vos propres lumières.
Comme, d'ailleurs, Votre Altesse ne S'est concertée jusqu'à présent avec moi sur aucun point de Ses opérations, ne m'ayant seulement point averti de Ses mouvements rétrogradifs,155-2 qui cependant ne pouvaient manquer d'exposer à des désastres le détachement que j'ai fait pour seconder au possible vos entreprises, je ne saurais plus me mêler du tout de vos opérations, mais laisser faire à Votre Altesse, comme Elle le jugera à propos. Je vous prie néanmoins de réfléchir si jamais vous pourrez vous excuser vis-à-vis de la couronne d'Angleterre et aux yeux de l'univers de laisser les Français maîtres de Cassel, de Gœttingue et de Münden!
Quant à moi, je suspends volontiers mon jugement là-dessus, d'autant plus que Votre Altesse ne m'a point donné une idée claire des raisons de Ses démarches, de façon que je n'en ai point pu comprendre le but.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.
155-1 Prinz Ferdinand hatte auf die Rathschlage des Königs (vergl. Nr. 12580) geantwortet: „ Votre Majesté exige l'impossible. Je ne suis pas assez habile pour agir sans en avoir les moyens. L'impatience que Votre Majesté marque, ne change ni la saison, ni ne me fait avoir de subsistances. Il me semble être fort injuste qu'on veuille mettre à ma charge des choses qui ne dépendent pas de ma volonté.“
155-2 So; für „rétrogrades“ .