12780. AU DUC RÉGNANT DE BRUNSWICK A BRUNSWICK.
Meissen, 31 mars 1761.
Vous vous représenterez aisément, combien les fâcheuses nouvelles de Hesse que Votre Altesse m'a marquées par Ses deux lettres du 28 et du 29,297-1 me doivent être désagréables et tristes, et combien il me doit être douloureux qu'une entreprise aussi bien projetée que commencée vient d'échouer de la sorte que je l'apprends.
Je me sens, nonobstant cela, infiniment obligé à vous de ce que vous avez bien daigné m'en informer incessamment; quoique les évènements ne dépendent pas de nous, il est toujours bon et nécessaire qu'on en soit informé à temps, afin de pouvoir prendre des mesures convenantes là-dessus. C'est aussi en conséquence que je prie Votre Altesse de vouloir continuer à m'informer de tout ce qu'Elle apprendra ultérieurement au sujet susdit.
Parmi des désastres pareils, il n'y a d'autre parti à prendre que de conserver une bonne contenance et de tâcher de réparer le passé par tous les moyens possibles, sans se déconcerter. De ma part, j'ai d'abord pris la résolution de faire faire quelque détachement vers Eisenach et Vacha,297-2 pour donner de la jalousie à l'ennemi dans ces contrées-là, pour l'arrêter autant que possible et pour en débarrasser en partie le Prince.
Ce que je crains de plus dans le moment présent, c'est que la tête ne tourne pas tout-à-fait au landgrave de Cassel, par le désespoir qu'il aura de cet évènement fâcheux, qui fait échouer de nouveau ses espérances.
Je crois que Votre Altesse ne doit pas être trop embarrassée du tour maligne que le nommé Denecke Lui a joué.297-3 Aucun prince doit être comptable des entreprises d'un aventurier méprisable, et tout le monde vous fera la justice d'être assuré que les gens en question ne se soient mêlés [qu']impudemment et de leur gré dans des affaires qui ne les touchaient en aucune façon et dont ils ne dussent s'attendre qu'à un démenti formel et public,
Federic.
Nach dem Concept.
<298>297-1 Vergl. darüber Nr. 12779. 12781.
297-2 Vergl. Nr. 12779.
297-3 Der Herzog hatte, Braunschweig 28. März, geschrieben: „L'on m'a endossé un homme à La Haye, nommé Denecke, qui . . s'est lié avec un Français, nommé Courssel, et ils ont formé [le projet], — sans rien dire à personne encore moins à moi, dont Denecke a la patente de résident à La Haye, — de traiter de la paix avec le ministère d'Angleterre.“