12794. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.309-2
Meissen, 5 avril 1761.
Je vous sais infiniment gré de la lettre du 31 de mars que vous avez pris la peine de me faire, dont j'ai [été] sensiblement touché par la façon cordiale et amicale dont vous vous êtes expliqué envers moi. Soyez assuré, je vous prie, que je prends tendrement part à toutes vos circonstances et à la situation embarrassante dans laquelle je vois que vous vous trouvez,309-3 dans le malheur qui vient de vous arriver. C'est une espèce de consolation que le gros de votre armée s'est tiré si heureusement, sous votre conduite, de ce pays-là. Je vous avoue que je ne comprends pas comment on a assiégé 25 jours de tranchée ouverte une place comme Cassel, sans la prendre : ce qui ne peut être que la faute des ingénieurs et la lenteur des troupes à se prêter aux ouvrages. Mais, enfin, le malheur est passé, quelque fâcheux qu'il soit, et, dès que<310> l'expédition était totalement manquée, il est sûr qu'il ne vous, restait autre parti à prendre que de vous retirer, ce que vous avez exécuté avec toute la sagesse et prudence possible.
J'applaudis aux raisons que vous avez de vous plaindre de l'ignorance et de l'incapacité de la plus grande part des généraux. Le grand nombre qu'on en a, n'est point intelligent et de combinaison; ceux qui sont détachés, veulent être continuellement aidés et prévenus d'avis que leur prudence devrait naturellement leur inspirer, pour faire leurs arrangements, afin d'ôter aux hasards, autant qu'il dépend d'eux, ce qui saurait les déranger. Un de leurs premiers talents surtout devrait être d'être doués d'un courage d'esprit et de fermeté qui ne s'altère pas sur un fâcheux évènement; mais des gens de cette espèce sont si rares partout que parmi les plus grandes armées à peine s'en trouvent-ils quatre à cinq. Je conçois les inconvénients, le malheur et le désagrément que vous devez avoir de tous côtés par les gens à qui vous avez à faire; mais vous ne pourrez jamais réussir dans le commandement d'une armée combinée, si vous ne vous donnez plus de pouvoir et d'autorité sur ces gens-là. Il faut en faire sentir la nécessité aux cours respectives et leur montrer en quel point la conduite de ces gens est préjudiciable à leurs intérêts.
Vous serez fort étonné d'apprendre que le général Spœrcken vient d'attirer un procès au général Syburg sur 200 misérables Saxons qu'il prétend que celui-ci a pris à l'affaire de Langensalze; il faut avouer que ce général Spœrcken est très reconnaissant, et qu'il choisit bien les moyens de m'engager à de nouveaux secours pour le soutenir. Remarquez que tous ces 200 Saxons étaient [des] déserteurs prussiens.
Dem Prinzen wird Mittheilung von dem Siege Schenckendorffs bei Saalfeld gemacht. (Vergl. Nr. 12788 und Nr. 12804.)
Comme ce général s'est tourné vers la ville de Plauen, pour en chasser encore ce qu'il y a là et aux environs de troupes ennemies,310-1 et que son expédition finira d'abord par là, j'ai déjà donné mes ordres que, du moment que cette expédition sera faite, il doit incessamment détacher 5 escadrons de hussards de Zieten, lesquels composent à présent le nombre de 800 chevaux, pour marcher droit vers Langensalze et vers Eisenach, où ils seront suivis d'un bataillon franc, afin d'enlever ou chasser ce qui peut se trouver là des ennemis, et leur couper la communication avec la Thuringe; mais, comme je me prépare pour<311> ouvrir ma campagne à peu près dans les premiers jours du mois de mai, vous pourrez bien croire que je serai obligé bientôt à rassembler tout ce que j'ai à présent de troupes dans ces contrées-là.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.
309-2 Prinz Ferdinand befand sich nach seinen Berichten im April, vom 7. bis 25., in Neuhaus.
309-3 Vergl. Nr. 12797.
310-1 Dem General Schenckendorff dankt der König am 5. April für weitere Nachrichten „von Eurer letzteren Affaire, die Ihr nicht braver noch geschickter ausführen können, als Ihr gethan habt, und worüber Ich Euch Meine Gesinnung schon durch Mein ehegestriges Schreiben (Nr. 12788) bekannt gemachet habe. Ich zweifle auch gar nicht daran, dass, wenn sonsten der Feind bei Plauen nur halten wird, Ihr und Eure Leute auch daselbst Eure Sachen recht gut machen werdet; Ich glaube aber, dass der Feind Euch dorten nicht abwarten, sondern vorher weggehen wird.“ [Berlin. Generalstabsarchiv.]