12848. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN ET AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Meissen, 27 avril 1761.

Je suis sur le point de partir d'ici pour m'approcher avec un corps d'armée à la Silésie et pour agir selon que les circonstances l'exigeront. Vous adresserez ainsi toute votre correspondance avec moi au comte de Finckenstein, qui en agira en conséquence des instructions que je lui ai données.

Mon frère Henri commandera, en attendant, l' armée que je laisse en Saxe, sans se mêler d'autres affaires.

J'aurais fort souhaité que vous eussiez pu m'informer avant mon départ des résolutions que la cour de France a prises sur la dernière réponse que M. Pitt a faite au duc de Choiseul;358-2 néanmoins, comme je conviens que ce n'est pas de votre faute que je n'en sois informe plus tôt, il faut bien que je prenne patience.

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Ce que je vous recommande au mieux encore une fois avec instance et comme l'affaire la plus pressée dans les moments présents, c'est de travailler au mieux et sans relâche auprès, des ministres anglais à les disposer de convenir avec la France sur une suspension d'armes et de la rendre d'abord à la suite générale. Je comprends assez que M. Pitt peut avoir encore des vues de conquêtes dans les Indes, et qu'il croit pour cela que l'époque proposée par la France pour l'uti possidetis ne soit pas de la convenance de l'Angleterre, mais on a toujours lieu de craindre le chapitre des incidents et, d'ailleurs, ne pense-t-on pas à la situation assez scabreuse où le prince Ferdinand se trouve en Allemagne pour avoir vis-à-vis de lui les deux armées françaises, celle de Broglie et celle de Soubise, qui s'assemblent actuellement, l'une de la même force que l'autre? Si l'Angleterre pousse avec vivacité ses entreprises par ses forces de mer, il ne faut pas douter que la France n'agisse de la même façon en Allemagne, pour trouver là des équivalents à rendre à la paix, contre ce que les forces de l'Angleterre peuvent faire encore de conquêtes aux Indes, de sorte qu'au bout du compte on n'aura rien gagné. Ainsi l'ouvrage le plus salutaire auquel il faut travailler à présent avec empressement, est la suspension prompte des armes en Europe; reste toujours libre à l'Angleterre d'en prolonger le terme par rapport aux Indes„, par toutes les raisons que M. de Pitt a indiquées dans sa susdite réponse.

Federic.

Nach dem Concept.



358-2 Vergl. Nr. 12843.