12953. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN ET AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Kunzendorf, 14 juin 1761.
Je viens de recevoir vos rapports du 26 et du 29 de mai. Je suis toujours du sentiment que, dès que les Français et les Anglais seront convenus de leurs préliminaires de paix, il leur faudra nécessairement convenir d'une suspension d'armes. C'est de cette façon qu'on en a agi dans toutes les négociations antérieures de paix et une suite ordinaire des préliminaires. Voilà comment j'ai toujours senti sur ce sujet, et je me persuade que les deux puissances et leurs ministres en agiront de même dans le cas présent, en sorte que, dès que leurs préliminaires seront arrêtés et signés, je ne vois aucune bonne raison ni motif qui saurait les arrêter à ne pas procéder incessamment à la suspension d'armes.
Ne croyez pas, je vous en prie, que je me trouve dans ces moments-ci dans une situation où je saurais appliquer mon attention aux négociations et à faire des propositions par rapport aux tempéraments à trouver pour pacifier l'Allemagne. J'ai ici trois à quatre armées ennemies vis-à-vis de moi qui m'occupent entièrement pour calculer tout ce qu'elles pourront entreprendre sur moi, ce que je pourrai faire contre elles, et la manière dont j'ai à me conduire pendant toute la campagne; voilà ce qui me donne tant de besogne et tant d'embarras qu'à peine toutes mes forces de corps et d'esprit y suffisent.
C'est pourquoi aussi je me suis vu obligé de vous renvoyer sur l'article susdit à mon ministre de Finckenstein.453-1 Tout ce que je saurais vous dire en gros sur ceci, c'est que, pourvu qu'il n'y ait pas moyen de tranquilliser autrement la France et la Russie que par quelque dédommagement du roi de Pologne, on saura le lui fournir des terres de mains mortes, encore peut-être par une cession de la ville d'Erfurt après la mort de l'électeur présent de Mayence; et voilà de quoi contenter suffisamment le susdit Prince.
Pour tous les autres intéressés dans cette guerre d'Allemagne, je ne vois aucun autre moyen qu'une restitution in integrum, dans le status quo où ils se sont trouvés devant la guerre.
Federic.
Nach dem Concept.
453-1 Vergl. S. 438. 449.