12957. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Kunzendorf, 15 juin 1761.
Votre lettre du 12 de ce mois m'a été fidèlement rendue. Je vous envoie ci-joint l'extrait d'une lettre que le prince Ferdinand<456> m'a faite,456-1 par laquelle il m'avertit de l'intention de Daun pour vouloir marcher ici en Silésie; le reste de cet extrait comprend mes dernières nouvelles que j'ai de Benoît à Varsovie.456-2 Je joins encore la liste des régiments autrichiens qui se trouvent actuellement près de Zittau.456-3 Je crois que les régiments qui ont passé l'Elbe sous Maquire, se rendront peut-être à Lauban ou joindront Daun, ce que je ne saurais pas savoir encore; en attendant, si Daun quitte la Saxe, il laissera sûrement un corps à l'Elbe pour couvrir Dresde, auquel il joindra les troupes de l'Empire. Ici, chez Laudon, il ne s'est joint jusqu'à présent un seul homme, tout au contraire, il y a six jours qu'il a détaché d'ici 2 régiments vers Zittau; j'ai m'ême des avis que ceux-ci y sont arrivés, et voici pourquoi je les y joins sur la liste. Quand vous [tirerez]456-4 le calcul de ces régiments sur la liste d'avec ceux qui se trouvent à Braunau, vous sauriez bientôt supputer combien de régiments sont encore chez Daun auprès de Dresde.
Ce que vous supposez, mon cher frère, pour envoyer Goltz vers la Marche, ce serait justement le moyen de le perdre; voilà pourquoi je ne saurais le faire. Et quant au prince de Württemberg, il ne saurait pas agir de concert avec Goltz, ayant assez à faire là pour se démêler avec Rumänzow. Je n'entends pas cet art de se débarrasser de beaucoup d'ennemis, sans se [dépêtrer]456-5 de force de l'un d'eux, et ceux qui ne veulent pas le laisser parvenir à quelque décision, ont le même sort que le duc de Cumberland ou que le duc de Bevern ont eu.456-6 Je connais tous les hasards des batailles; malgré cela, vous pouvez compter pour certain que je ne permettrai jamais que l'ennemi m'enveloppe à son aise, [mais] que je le chercherai plutôt partout où je le trouverai.
Les Russes ne sont pas encore arrivés à Posen.
J'ai ici des déserteurs de Laudon qui assurent qu'il y a quelques jours qu'il a effectivement détaché 4 bataillons de pandours vers la Hongrie; ces gens en ont été eux-mêmes et me les ont nommés tous. Auprès de tous les corps que Laudon a ici aux frontières, je n'y sais que 7 bataillons de pandours.
Selon ce que mes dernières nouvelles assurent,456-7 les Turcs forment un camp près de Bender, et ils vont encore assembler un autre près<457> de Perekop. En Pologne le bruit est général que les Russes détacheront en arrière vers l'Ukraine 40 000 hommes; mais jusqu'à présent ils n'ont encore rien détaché, et ils se trouvent vers la Netze à Schneidemühl et ces environs-là. J'attends encore les lettres de la personne que vous savez.457-1
Quant aux Français, mes avis portent qu'il y avait tout lieu d'espérer qu'ils seraient bientôt d'accord avec les Anglais.
Je vous remercie des nouvelles que vous avez bien voulu joindre à votre lettre;457-2 vous m'obligerez en m'envoyant le plus souvent que vous en aurez, tout comme je vous communiquerai exactement celles qui me reviendront.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
456-1 D. d. Neuhaus 7. Juni. Vergl. Nr. 12955.
456-2 Auszug aus dem Berichte Benoîts, d. d. Warschau 10. Juni, mit der Meldung, dass die geplante Vereinigung der Corps von Galizin und Laudon noch ziemlich aussichtslos sei, und dass die Polen einen Losbruch der Tartaren befürchteten.
456-3 Diese nicht mehr vorliegende Liste war jedenfalls dem Berichte Götzens, d. d. Gersdorf 14. Juni, entnommen, in welchem 16 Bataillone Infanterie und 5 Regimenter Kavallerie aufgezählt werden. Götzen wird am 14. Juni dafür gedankt. „Ihr werdet noch in dortige Gegend bleiben, bis Ihr von Mir Ordre bekommt, indem allhier noch alles ruhig ist.“ Am 16. erhält Götzen Befehl, er solle „auf das genaueste zu erfahren“ suchen, was es mit dem Marsch des Generals Maquire „vor Bewandtniss hat“ . [Ausfertigungen im Besitz des Lieutenants Grafen Götzen in Berlin.]
456-4 Verbessert nach dem Concept; Vorlage: „trouverez“
456-5 Verbessert nach dem Concept; Vorlage: „dépêcher“ .
456-6 Cumberland bei Zeven, Bevern bei Breslau im Jahre 1757.
456-7 Vergl. Nr. 12958.
457-1 Vergl. S. 450.
457-2 Der Prinz hatte eine, nicht mehr vorliegende, Nachricht wonach, wie er schrieb, die Oesterreicher beabsichtigten, ein neues Corps, wahrscheinlich zur Belagerung einer Festung, aufzustellen.