12965. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN ET AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Kunzendorf, 18 juin 1761.
Vos rapports du 2 et du 5 de ce mois viennent de m'être rendus, et je vous sais parfaitement gré du détail où vous êtes entré pour me mettre au fait de ce qui s'est passé là depuis l'arrivée du sieur de Bussy.
Je ne saurais, cependant, pas vous dissimuler qu'à juger du train que ces affaires ont commencé à prendre, je crains que la négociation ne prospérera guère; car, si les négociateurs ne sont pas encore d'accord entre eux des principes fondamentaux à mettre pour base de tout le reste, il me paraît qu'ils sont encore très éloignés entre eux, et que cette négociation saurait bien échouer dès le commencement.
Mon attente sur laquelle j'avais mis tout mon espoir, était qu'on établirait d'abord pour première base cet uti possidetis, au moins dès le jour de la signature des préliminaires, qu'on travaillerait ensuite à convenir des préliminaires de ce qui regarde proprement les différends que l'Angleterre et la France ont entre elles, et qu'incessamment après on conviendrait des moyens et des conditions les plus propres et les plus convenables pour rendre la pacification générale, afin de les proposer alors au congrès, vu, sans cela, on conviendra au grand jamais de quelque chose. Voilà mes idées et, à ce que je crois, le seul moyen pour arriver au grand but, mais dont je suis fort en doute, par la manière qu'on commence, si je dois me flatter de quelque succès.
La circonstance encore que le sieur de Bussy a décliné de vous Parler, me fait conclure ou que les Autrichiens avec les Russes tiennent tant bridée la France que celle-ci n'ose presque pas rien faire, sans, pour ainsi dire, que les autres lui en ont donné la permission, ou qu'on a encore beaucoup d'animosité contre moi en France, de sorte qu'en général la disposition présente ne me plaît du tout pas encore, à moins<462> qu'il n'arrive que, quand les négociateurs seront entrés en matière, les Français se montreront plus traitables et s'entendront ensuite avec les Anglais sur ce qui pourra sortir de mieux pour la tranquillité et la pacification générale.462-1 De quoi cependant je commence d'être encore fort en doute.
Quant à ce qui regarde les instructions que j'ai données à mes ministres du congrès,462-2 je compte que mon ministre le comte de Finckenstein vous les aura déjà communiquées; mais de la façon que les affaires sont situées encore, je ne saurais envisager autrement ce congrès que comme une assemblée où les Autrichiens déploieront toutes leurs impertinences, et qu'en conséquence toutes les instructions des autres ministres ne serviront à rien.
Continuez à m'informer avec bien de l'attention et exactement des affaires de là-bas.
Federic.
Nach dem Concept.
462-1 Dem Gesandten Hellen schreibt der König am 18. Juni: „Vous devez sentir vous-même à quel point il m'importe d'être informé exactement de toutes les démarches qui se feront tant en Angleterre qu'en France pour le rétablissement projeté de la paix.“
462-2 Vergl. Nr. 12828.