<172>détacher des troupes au secours des Autrichiens en Bohême. Il serait même fort intéressant pour la cause commune que vers le temps que j'entre en Bohême la France fît le siège de Fribourg, pour avoir la communication libre vers la Bavière et pour partager les forces des Autrichiens.
3° Que la France par ses opérations me tienne le dos libre par rapport au pays de Clèves et mes autres provinces au delà du Wéser, afin que, pendant que je serais occupé des toutes mes forces en Bohême, ni les Autrichiens ni les alliés de la Reine ne puissent envahir ou ruiner ces provinces.
4° Que, lorsque l'armée impériale rentrera en Bavière, la France ne discontinue pas avant la fin de la guerre à payer régulièrement les subsides à l'Empereur, puisque sans cela son armée sera rien, en très peu de temps, et que j'aurais tout le fardeau des troupes autrichiennes sur moi.
Vous ne manquerez pas de vous expliquer sur ces points avec le sieur de Chavigny, en lui insinuant que ce n'est pas par irrésolution à agir ni par quelque autre considération que je souhaite d'être assuré sur ces conditions, mais que l'unique raison en est de me bien concerter avec la France sur toutes les opérations que nous aurons à faire, et de convenir avec elle des mesures les plus efficaces pour arriver bientôt à notre but commun, c'est-à-dire à une paix stable et glorieuse, au rétablissement des affaires de l'Empereur et à l'abaissement de la maison d'Autriche. Vous ferez même comprendre au sieur de Chavigny combien la France est intéressée de faire tous les efforts imaginables pour y réussir, étant certain que, si-elle laisse passer cette occasion pour abaisser la maison d'Autriche, celle-ci, après s'être reconnue dans la guerre présente sur ses propres forces, aura tout-à-fait le dessus sur la France, lui fera perdre toute considération en Europe, et, en s'unissant avec l'Angleterre, tiendra la France quasi sous la férule, en foulant à pieds tous les États de l'Allemagne. Vous me ferez alors votre rapport sur les assurances que je puis avoir de la part de la France sur ces points.
Touchant la publication et la communication à faire du recez de l'Union, toutes les raisons qu'on m'allègue pour en faire dès aussitôt la publication, seraient très bonnes, si nous n'avions pas à faire avec la cour de Vienne, qui ne craint guère de pareils traités et qui ne plie jamais que sous la force. Si on voulait publier d'abord ce recez, cela n'effectuerait autre chose que de servir d'avis à la cour de Vienne et de lui faire prendre des mesures pour garder ses armées assez proches de ses pays héréditaires et pour rendre impossibles par là les opérations que je médite, surtout lorsque cette cour me saura être de la partie, sachant déjà par l'expérience que, quand je menace, le coup y suit assez promptement. Ainsi ces raisons, fondées dans la raison et dans l'expérience, font que je ne suis nullement d'avis qu'on publie déjà ledit recez; il faut même que je déclare tout nettement que, si on s'avisait de pu-