Vous conviendrez donc, Milord, qu'un allié qui n'est pas en droit de réclamer le secours d'un autre, le cas d'une alliance défensive n'existant point, est encore moins fondé d'insister sur une réponse préalable sans nécessité. Sur ce, je prie Dieu etc.
Federic.
Nach dem Concept.
1481. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A MOSCOU.
Berlin, 24 juin 1744.
Les relations que vous m'avez faites en date du 1er et du 4 de ce mois, m'ont été bien rendues; par tout ce que vous m'y mandez, je vois que vous êtes encore dans un état bien incertain sur la réussite de vos négociations; mais comme le temps presse pour que je puisse prendre mon parti, et que je ne puis plus rester, pour ainsi dire, entre deux eaux, ma volonté expresse est que vous me deviez mander, le plus tôt possible et même par un courrier, ce que vous croyez sur la réussite des affaires dont je vous ai chargé : si la triple alliance à conclure viendra à sa consistance, ce que vous croyez au sujet du déplacement du Ministre, et si par les intrigues de celui-ci l'Impératrice sera disposée à donner du secours aux Anglais. H m'est impossible de rester plus sur toutes ces affaires dans un état d'incertitude, ni de me contenter plus d'espérances vagues. Ainsi je vous ordonne de me mander tout naturellement, et sans me cacher la moindre chose, le véritable état des affaires de Russie sur mon sujet, et ce que j'en ai à espérer ou à craindre. Vous ne devez point être embarrassé sur la manière dont vous vous expliquerez à ce sujet, car j'aime mieux que vous me mandiez tout naturellement le véritable état des affaires comme elles sont, quelque désagréables qu'elles puissent être, que de flotter plus longtemps entre crainte et espérance; ainsi j'attends et vous ordonne que vous deviez vous expliquer positivement là-dessus, pour que je puisse savoir où j'en suis, le temps demandant absolument que je prenne mes mesures et de ne me contenter plus d'espérances vagues.
Comme la grande faveur de l'Impératrice envers le chéri mitre1 dure plus longtemps que j'aurais cru, vous devez penser s'il n'y a pas moyen de gagner cet homme-là par quelque présent, et comme il est certain que le parti anglais remuera ciel et terre pour attirer l'Impératrice dans ses intérêts, et que les mal intentionnés mettront tout en œuvre pour me brouiller avec cette Princesse, étant certain que c'est encore l'unique ressource qui leur reste pour arriver au but qu'ils se proposent, et qu'ils aimeraient mieux de faire sauter cette princesse du trône que de n'y pas réussir, vous devez employer tous les ressorts imaginables pour les contrecarrer dans leurs desseins pernicieux, ou si vous ne croyez pas d'y pouvoir réussir, me le mander à temps, pour ne pas m'exposer à faire un
1 Vgl. S. 191.