<334>se laisser entraîner non seulement à donner les mains à la soi-disante Ligue Sainte,1 mais d'envisager même mon passage par la Saxe comme une rupture qui l'engage à prêter du secours au roi de Pologne et à épouser entièrement ses intérêts si mal fondés. Si le premier ministre n'est pas tout-à-fait aveuglé, j'espère que la réponse qu'on vous a envoyée de ma part sur son promemoria,2 lui fera voir clair comme le jour l'absurdité de toutes les imputations que les Saxons lui ont fournies, et le fera rougir de ce qu'il a donné dans des contes si frivoles; aussi devez-vous bien expliquer à votre ami de conséquence3 toute la noirceur de cette malice, à qui vous devez donner les assurances les plus fortes que, par l'assistance que je fais à l'Empereur Romain, je ne demandais rien pour moi ni de m'agrandir, mais que mon unique but était de faire ravoir à l'Empereur son patrimoine et de le soutenir dans son autorité, sans que mon intention fût ni d'écraser ni de ruiner la reine de Hongrie; que je ne cherchais que de contribuer à rendre, le plus tôt le mieux, et même cet hiver encore s'il est possible, la paix et le calme à l'Allemagne, sans me mêler des autres affaires de quique ce soit, et que je serais au comble de ma joie, si l'Impératrice y voulait contribuer par ses bons offices, et qu'elle serait convaincue alors de la pureté de mes intentions, tout comme elle trouverait que les Saxons et leur clique ne cherchent autre chose qu'à jeter de l'huile dans le feu de la guerre, qu'à s'élever, s'il est possible, sur ma ruine, et, après avoir brouillé l'Impératrice avec le plus naturel et le plus fidèle de ses amis, et obtenu ainsi leurs buts, à se rendre redoutables à l'Impératrice même, au gouvernement de laquelle et aux arrangements qu'elle a établis pour sa succession, aussi bien qu'au mariage du Grand-Duc, le parti saxon n'est assurément pas attaché.

Vous devez faire les mêmes insinuations à la princesse de Zerbst, et comme j'ai fort goûté votre conseil sur la lettre que je dois écrire à l'Impératrice pour la rectifier un peu, je vous l'envoie ci-clos, écrite de ma main propre, en y joignant une copie. Vous la remettrez à la princesse de Zerbst, afin qu'elle la fasse tenir convenablement à l'Impératrice, en la conjurant de ma part de ne se point laisser surprendre sa religion par les fausses insinuations des mal intentionnés et par les artifices de la Saxe.

Après tout cela, il faut que je vous dise que, quoique votre relation du 9 du mois dernier m'ait un peu rassuré sur mes alarmes, par les nouvelles espérances que vous avez conçues que l'Impératrice cultivera soigneusement mon amitié et ne se laissera pas entraîner par le parti saxon, de même que par tout ce que votre ami d'importance, avec vos autres amis, vous ont dit — que néanmoins je suis encore incertain



1 Zwischen Venedig, dem wiener Hofe und der Republik Polen (von 1684.)

2 Betreffend die Vorgänge auf dem Reichstage zu Grodno (vergl. oben S. 327). Die Entgegnung ( „Factum“ ) auf die russische Note war am 28. November an Mardefeld aus dem Ministerium abgesandt worden.

3 Woronzow.