<347>guère avancé après les avoir examinés. Les espions du pays ne sont pas de plus grande ressource, on n'en trouve aucun, ou même ils rapportent des faussetés. Le plat pays et le peuple est supersticieusement attaché à son gouvernement ; il cache, enfouit les blés et tout devant les armées, n'apporte ni vivres ni subsistance dans les camps, et vous oblige de nourrir le soldat des denrées que l'on a eu la faculté de conduire avec soi. Les baillis et les prêtres sont encore pis, ils servent d'espions aux Autrichiens, et, ayant toutes les commodités d'apprendre ce qui se passe dans une armée qui embrasse leurs villages dans le camp qu'elle occupe, ils informent incontinent l'ennemi de la moindre manœuvre, d'un petit mouvement, et des détachements qui sortent, et obligent, par conséquent, à n'envoyer jamais des partis, mais des corps, au moins, de 10,000 hommes, pour ne les point aventurer et les exposer mal à propos à quelque affront. Ce n'était pas là tout l'embarras encore, il y en avait un autre auquel des contretemps infinis se sont joints, et qui nous a, dans la suite, forcés à tous les mouvements rétrogradifs que nous avons été obliges de faire. Il y avait pour un mois de farine pour l'armée, chargée sur des caissons, et qui nous suivait sous l'escorte de l'arrière-garde que commandait le général Posadowski. Soit que cet officier s'ennuyât de la lenteur de sa marche, soit qu'il y eût quelque autre accident, il n'amena à Tabor que la moitié de nos caissons qui avait été à la tête de l'escorte; l'ennemi n'en enleva pas un seul, mais Posadowski les laissa en chemin, à la garde des gens du pays qui, bien éloignés de s'employer pour les faire suivre, brisèrent les caissons, volèrent les chevaux et la farine et chassèrent les valets qui les conduisaient. Le seul moyen qu'il y avait pour remédier à ce malheur, était de faire livrer et contribuer le pays. Le régiment de Dieuri, nouvellement levé, paraissait le plus propre à cet emploi ; il y fut destiné, mais il arriva encore d'autres fatalités qui achevèrent de nous déranger, comme on le verra dans la suite.
L'armée à Tabor, et l'avant-garde à Budweis, il s'agissait de régler les opérations ultérieures. Nous pouvions aller à Neuhaus, pour donner au prince Charles des jalousies sur l'Autriche; nous pouvions aller à Budweis, et nous pouvions passer la Moldau, à Tein, pour marcher au prince Charles que l'on nous disait camper à Pisek. Je ne me serais pas aventuré si avant, si un malheureux espion ne m'avait assuré que l'armée autrichienne avait marché sur trois colonnes vers Budweis : nous n'eûmes pas passé la Moldau,1 que nous apprîmes que sa nouvelle était fausse; on sut ensuite par les partis que l'ennemi était campé à Mirotitz, à deux milles de l'autre côté de Pisek, proche de la Moldau. Ce faux avis rendit ma manœuvre mauvaise, qui n'était bonne qu'au cas où l'ennemi se serait approché de Protiwin ou de Budweis. Nous séjournâmes cependant trois jours dans le même camp,2 et dans cet espace3
1 Der Uebergang erfolgte am 4. October.
2 Bei Zirnau.
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